Il faut bien commencer quelque part. Seulement quelques années avant de réaliser nombre de chef d’œuvres, Carpenter s'essaie au cinéma avec Dark Star, une comédie de science-fiction assez obscure qui laisse déjà présager ce dont sera capable le cinéaste lorsqu'il bénéficiera d'un peu plus de moyens financiers.
Car oui, Dark Star fait dans l'économie de budget. Avec seulement 60 000$, les scènes dans l'espace, transpirent un fascinant amateurisme. Mais l'intérieur du vaisseau n'est pas en reste : entre les boutons qui font bip et qui font flash, et cet alien analogue à un ballon-sauteur, Dark Star assume pleinement son statut de film à petit budget, l'équipe s'amuse, et il s'en dégage une certaine innocence.
Ce bricolage rend le film séduisant, il suscite la compassion. Mais Dark Star devient vraiment stupéfiant lorsqu'on se surprend à être véritablement absorbé par la trame. Certaines scènes mélangent habilement suspense et humour, comme la scène de l'ascenseur, ou encore toute la scène de discussion avec la bombe, aux propos graves et métaphysiques, dénotant avec l'aspect décomplexé du film.
La scène de fin me fait clairement penser à 2001, l'Odyssée de l'Espace, avec ce robot doté d'une véritable capacité de réflexion, et d'un désir de choix et d'émancipation. Pour autant, ce film n'est jamais prétentieux : Carpenter parvient habilement à insérer une intrigue profonde dans un film qui ne se prend pas toujours au sérieux.
Bien qu'éminemment nanardesque, l'ambiance est toujours assurée par les musiques de Carpenter, d'ores-et-déjà fana de synthés, et certains éléments pourraient même rappeler l'oppression du Nostromo (les protagonistes s'adressent au vaisseau, Pinback est à la fois le traqueur et le traqué...). En effet, il est à la fois étonnant et intéressant de constater que Dan O'Bannon, qui interprète Pinback, n'est ni plus ni moins qu'un scénariste du futur chef d'oeuvre de Ridley Scott.
Malgré quelques longueurs dues sûrement au fait que le film devait à l'origine être plus court - ainsi qu'à la volonté de Carpenter de faire transparaître l'ennui des personnages - Dark Star parvient à être un film véritablement surprenant si l'on parvient à l'aborder avec une once de second degré. Il compense son manque évident de moyens par une réalisation talentueuse et des réflexions inattendues et opportunes. Dark Star s'apparente en quelque sorte à un excellent nanar. Aîné de deux ans de La Guerre des Étoiles, il le vaut largement.