Certains croient voir dans Dark Star co-écrit par Dan O'Bannon un space opera qui préfigure Alien. C'est faire beaucoup d'honneur au film. Les spécialistes y voient plutôt une pochade fauchée de fin d'études en guise de réponse humoristique à 2001 Odyssée de l'Espace.
Mais l'intérêt est surtout du côté de l'analyse comportementale d'un groupe de quatre individus condamnés à vivre ensemble en huis clos dans le vaisseau spatial Dark Star commandé par une Intelligence artificielle.
Vu dans le cadre de l'étude des performances comparées de l'Intelligence artificielle et de la Connerie naturelle pour le festival Fifigrot de Groland, Dark Star illustre à plusieurs reprises le second processus, au sein de la direction opérationnelle comme dans l'équipe livrée à elle-même.
On entend ainsi dès le générique la direction refuser d'envoyer toute aide matérielle au vaisseau qui n'a plus de bouclier anti-radiations. On peut aussi avoir des doutes sur la pertinence de la mission qui consiste à détruire toute planète inutile. Au sein de l'équipage la connerie naturelle se décline dans toutes ses nuances au cours de leur longue odyssée. J'ai noté l'arrogance de l'un des quatre qui refuse obstinément de rejoindre le reste du groupe pour pouvoir contempler seul les étoiles, la violence d'un autre qui s'amuse à tirer à balles réelles avec son flingue, la stupidité du chef qui ne s'inquiète pas de ne pas pouvoir localiser une alarme, (t'inquiète pas, on pourra localiser quand ça pétera). L'un des quatre co-équipiers (Dan O'Bannon, justement l'un des pères d'Alien) décroche le pompon en s'occupant de son alien de compagnie, qui fait penser à Wilson dans Seul au monde, mais avec des pattes palmées et un mauvais caractère. On peut se demander si les deux co-scénaristes avaient un budget minimum, s’ils jouaient aux trolls avec cette baudruche ou s'ils avaient fumé de la bonne, je penche plutôt pour la dernière hypothèse. Pour l’ambiance générale, les membres de l'équipage ne se parlent plus et obéissent par pure routine aux ordres de l'IA qui leur désigne les cibles à bombarder. Question «performance» l'équipage est cependant supplanté par la bombe dotée d'IA et de parole qui refuse obstinément d'être désactivée, puisqu'elle a été programmée pour péter.
Dans Dark Star les ordinateurs font penser à des flippers, l'équipage est une bande de hippies qui fument leurs clopes, et le taux de réalisme est proche de pour une mission spatiale.
C'était un bon début pour le premier film de John Carpenter et le film a marché aux States mais pour la saga Alien il faudra attendre HR Giger pour avoir une créature extra-terrestre digne de ce nom, Dark Star est plus une farce qu’un film de science-fiction.