Years and tears
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Réalisation classique mais soignée pour ce film qui évoque une quinzaine d'année de la vie d'un lanceur d'alerte, Rob Bilott, de façon semble-t-il assez proche de la réalité. Le film est d'ailleurs classé comme un biopic, genre que je n'affectionne guère, mais qui en l'espèce a eu le mérite de me faire découvrir un personnage dont j'ignorais jusqu'à présent totalement l'existence. Du coup, je fais une entorse à mes principes rigides, en lui attribuant une notation plutôt valorisante. Ça n'est pas tout à fait comme si j'avais été voir un biopic, disons par exemple et au hasard, sur un général français qui s'illustra dans les années 40^^
Pas grand chose à ajouter sur le film en lui-même, dont la réalisation est, je l'ai déjà dit, assez classique et intègre la plupart des codes du film d'investigation. Rythmé et comportant de nombreux rebondissements, avec une volonté marquée de dénonciation : un parallèle certain avec par exemple Spotlight, dans lequel d'ailleurs Ruffalo joue également (et plutôt bien). Mais pas un parallèle complet, puisque Spotlight montre avant tout le travail d'une équipe alors que Dark Waters, en bon biopic qu'il est, est vraiment centré sur le personnage de Bilott, et, du coup, sur sa vie personnelle, cela entraînant évidemment d'inévitables passages mélo. Qui sont bien loin toutefois de noyer le film sous des déluges de guimauve, étant limités en nombre comme en durée. Plutôt des pauses pour le spectateur, le truc étant dans l'ensemble plutôt éprouvant.
Et, là où Spotlight nous entraine sur les traces des exactions de membres du clergé envers de jeunes enfants, Dark Waters s'attache à montrer celles d'une firme industrielle chimique, en l'occurrence Dupont de Nemours, envers l'environnement et la santé des habitants du voisinage d'une de ses usines, celle qui fabrique le téflon, ce revêtement qui a garni, entre autres, des millions de poêles à frire. Ou peut-être bien plus. Et le terrain d'investigation n'est pas journalistique, mais juridique, Bilott étant avocat. Un gars qui, selon le film, était prédestiné à une brillante carrière, au départ comme défenseur des industriels de la chimie, mais qui - selon le film, du moins - va retourner sa veste après avoir constaté de visu les dégâts causé par Dupont dans la ville où réside toujours sa grand-mère. Avec le soutien, un peu forcé au départ, du patron du prestigieux cabinet dont il est associé.
Il est vrai que cela ressemble un peu à une de ces belles histoires dont nos amis d'outre-atlantique ont le secret. Néanmoins, le film s'épargne un happy end, et parait en cela réaliste. Car Dupont ne se laisse pas faire, utilise tous les procédés juridiques imaginables pour faire traîner en longueur, ce qui fait que l'histoire n'est sans doute pas terminée aujourd'hui, même si Bilott a réussi à leur faire cracher un paquet de millions de dollars. Bref, un film instructif, sans doute peu optimiste, mais qui en dit long, j'en ai peur, sur l'impunité dont jouissent les sociétés cotées en bourse et sur l'énergie qu'il faut aux lanceurs d'alerte de tout poil pour s'attaquer à leurs malversations de tout ordre.
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Créée
le 29 févr. 2020
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