Years and tears
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le 26 févr. 2020
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Où sommes-nous ? Chez Arte dans un documentaire plombant sur les "Méfaits du capitalisme sauvage"? Sur France 2 avec Luce Lucet dans un Cash investigation déprimant dénonçant "Le pouvoir des lobbies"? Non, nous sommes chez les Ricains avec un énième film militant qui se veut coup de poing. Que nous apprend-on ? Que l'argent mène le monde, que les grands fauves du capitalisme sont carnassiers, que le darwinisme sévit dans toutes les sphères de la société, que la morale cède face à l'appât du gain. À l'ouest donc, rien de nouveau. Comme il faut éviter le didactisme et son corollaire l'ennui, on nous raconte une histoire, celle de David contre Goliath, du pot de terre contre le pot de fer, de Robin des bois ou de Zorro, bref du Petit contre le Grand, du Bon contre le Méchant, de la Vertu contre le Vice. Chacun(e), selon son imaginaire, pourra y alimenter sa propre mythologie.
Voilà donc le combat, forcément inégal, d'un petit avocat défenseur de la veuve(cancéreuse) et de l'orphelin(malformé) contre la grande entreprise prédatrice de l'environnement et assassine de la santé publique. Dans la balance comptable des actifs/passifs, les débits des premiers n'équivalent pas les crédits des seconds. Maladies versus profits, l'échange est inégal. Et comme pour consolider la véracité des faits, on nous montre à la fin dans deux plans brefs les "vrais" personnages de ce drame mille fois rejoué(on ne vous raconte pas d'histoire car c'est l'Histoire) . Car, d' Erin Brokovitch à Promise Land, nombreux sont les films qui enfourchent le cheval de bataille de la lutte contre les grands trusts. Dans le climat dépressif actuel, où les saisons se dérèglent, les catastrophes écologiques se multiplient, les pollutions s'intensifient, où agro-alimentaire industriel et malbouffe se conjuguent, la dénonciation qu'opère le film n'étonne plus. C'est un peu comme si notre conscience écologique et notre capacité d'indignation étaient anesthesiées par un trop plein d'informations anxiogènes et dépressives. La démonstration semble faite depuis longtemps de l'impact mortifère des grandes entreprises sur le monde vivant : destruction environnementale, déconsidération de l'individu, recherche du profit maximal au mépris des équilibres humains. Tout a été dit et montré de l'empreinte létale qu'exerce une industrie conquérante aveugle aux lois et au bien commun. De ce fait, et c'est bien dommage, Dark waters m'a laissé indifférent dans l'illustration qu'il fait de la lutte de Rob Bilott contre Dupont de Nemours. En blasé, je me suis un peu rasé.
Film fastidieux dans sa mise en oeuvre pointilliste, archiviste, quasi-documentaire, il peut néanmoins accrocher par son honnêteté et son engagement. Et puisqu'il faut parler cinéma, il se situe dans la lignée d'un classissisme dans ses enchaînements de séquences convenues et codées. La prestation de Mark Ruffalo elle-même semble comme hors-jeu, dans une apathie étonnante pour un personnage entièrement absorbé par sa passion combattante.
En conclusion, Dark waters peut intéresser de jeunes âmes peu au fait des vilénies du monde industriel, mais reste superfétatoire à la culture du vieux cinéphile dans sa redondance d'un thème archi-rebattu.
Créée
le 3 mars 2020
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