Le dernier opus de Tsai Ming-Liang, présenté à Berlin, n'est pas sorti dans les salles françaises, et je comprends pourquoi.
Difficile en effet d'imaginer film plus exigeant : quasiment muet, comportant des plans d'une longueur infinie, montrant la plupart du temps des évènements insignifiants de la vie quotidienne.
Il faut vraiment être un grand fan du réalisateur malaisien pour trouver son plaisir dans cette oeuvre qui s'approche plus de l'art contemporain que du cinéma, aussi bien par ses intentions (donner à sentir l'écoulement du temps et de la vie) que par sa réalisation (je me suis souvent dit que l'enjeu principal de chaque plan était de déterminer à quel moment il s'arrêtait).
Le propos du film tient sur un timbre poste : un homme mûr souffre du cou, il rencontre un jeune réfugié laotien pour un rapport sexuel tarifé. Comme souvent pour les oeuvres conceptuelles, il y a beaucoup d'éléments inaccessibles au spectateur lambda qui peuvent enrichir la vision (par exemple l'acteur, véritable alter ego du réalisateur, souffre réellement du mal terrible qu'on voit dans le film), mais malheureusement ces éléments ne seront accessibles qu'à quelques happy few.
A voir si vous êtes prêts à observer la confection muette d'une soupe asiatique dans un appartement miteux pendant 16 minutes.
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