Bonjour, je m'appelle Tom. Ce mois-ci, je vais découvrir, ô surprise, que j'ai un potentiel de dingue au piano totalement mis au placard depuis la mort tragique de ma mère pianiste il y a 10 ans de cela, que j'ai négligemment suivi la voie opposée de mon père qui est une ordure indécrottable, que mes potes sont les pires salauds et qu'ensemble, on gère une mafia de l'immobilier à la petite semaine bien dégueulasse. Je ne me rendais pas compte en fait, mais cette perspective d'audition chez les riches change mon esprit bling bling de pauvre ordure. Je redécouvre l'esprit zen du piano, la poésie noire de Bach et d'Haendel et la délicatesse des doigts qui courent sur les touches délaissant ainsi mes coups de battes énervées sur les sans-papiers. Je tombe aussi amoureux comme un chamallow de femmes superbes au lieu de me taper des p... Oui, ça fait un peu beaucoup en trois semaines, j'avoue...
Certes, les acteurs sont remarquables, Romain Duris en tête, et j'aime toujours la dynamique de mise en scène d'Audiard. La scène des toilettes avec Mélanie Laurent par exemple est spontanée et cerne à elle seule le personnage fonceur, perdu et nerveux de Tom. Duris et Audiard disent eux-même qu'ils ne savaient pas vraiment ce qu'ils étaient en train de faire avec cette scène et ça marche mieux, en fait. J'aime bien la spontanéité d'Audiard au milieu de son scénario barricadé donc. Mais que tout cela est gros sabots, la vache ! Les thèmes, situations et autre développements psychologiques y sont particulièrement simplistes et/ou absents. Le père par exemple est simplement une ordure, jamais approfondi sur sa relation avec son fils ou sa femme décédée ou la destruction occasionnée, ce qui centre complètement le film sur Tom mais le déplace aussi vers "Danny the dog" beaucoup plus que vers "À bout de course".
Audiard insiste à alterner systématiquement entre nervosité tremblotante et calme olympien du plan fixe selon l'humeur affichée et ça ne m'avait jamais autant frappé combien ça peut être énervant.
Quelques craintes à revoir "Un Prophète" du coup...
Assez envie de voir l'original, "Fingers", avec Harvey Keitel par contre.
De bonnes scènes et encore du mal à détester un Audiard tout de même.