Un burnout qui ne dit pas son nom ?

En arrivant au bureau, le cadre d'une banque abat froidement son directeur et un employé qui tentait de s'enfuir, puis en s'enfermant dans son bureau, il se remémore son passé ainsi que les raisons qui l'ont mené à ce geste fatal.

Il est regrettable que Jean-Marc Moutout n'ait plus réalisé un seul film depuis 2011, s'étant tourné vers la télévision, car le drame qu'il filme avec une grande sécheresse a de quoi marquer les esprits. C'est comme un os à ronger sans aucune viande, où d'ailleurs la musique est totalement absente, et on va suivre pas-à-pas Jean-Pierre Darroussin s'enfoncer dans son mal-être jusqu'au final assez tragique. Le film datant de 2011, on parlera sans doute aujourd'hui d'un homme qui vit soit une grave dépression ou qui fait un burnout à la suite de difficultés professionnelles. A ce titre, il faut dire que le patron de la banque, joué par Xavier Beauvois, est excellent en ordure, s'apitoyant peu sur le sort de ses employés pourvu que le rendement suit.

Il suit aussi la crise de 2008, qui est constamment évoqué, avec un monde qui change, celui de parvenus, de lèche-bottes, et Darroussin semble ne plus être à sa place. Ça vaut aussi pour sa situation familiale où il pense que sa femme le trompe, et que son fils se fiche ouvertement de lui, jusqu'à faire inviter sa petite amie sans sa permission. Jean-Marc Moutout filme très bien les errances de ce travail qu'aimait pourtant le personnage de Darroussin, jusqu'à ce que des manigances et en quelque sorte des jeux de pouvoir le fassent vriller peu à peu.

De beau matin est clairement un très bon film, mais je ne le recommanderais pas pour passer comme on dit un bon moment.