Si "De Bruit et de Fureur" apparaît comme l'un des films les plus impressionnants de récente mémoire, c'est que Brisseau traite le "problème des banlieues" avec cette approche didactique (disons "constat - causes - perspectives") typique du documentaire, et sait prendre constamment le recul suffisant (une visible absence d'affect dans la représentation, conjuguée à des effets métaphoriques et allégoriques, poétiques et percutants à la fois) qui lui évite le piège d'une certaine complaisance, soit complice soit dénonciatrice, qui plombe toujours ce genre de projet. Quand le film s'achève sur une scène très faulknerienne et le spectacle apocalyptique du feu, de la mort et de la destruction, Brisseau nous dévaste du pessimisme - très "No Future" - de celui qui sait de quoi il parle (il a été instituteur en banlieue difficile) et ne croit plus guère qu'en la nécessité de décrire le désastre avec le nécessaire point de vue moral de l'Artiste. [Critique écrite en 1988]