London Calling
Qu'elle est lourde la charge de la représentation d'une si importante figure de l'Histoire, et surtout, de l'idée que le peuple s'en fait : cette raideur, cette voix, cette grandiloquence un peu...
le 4 mars 2020
25 j'aime
13
Si vous avez bien écouté à l'école, vous n'apprendrez rien de plus sur la vie de l'illustre homme, l'icône de toute une génération, le grand et droit Général de Gaulle. Ce biopic qui a pour lui l'honneur d'être une première (on n'avait jamais osé dresser un portrait du grand homme, hormis les documentaires, évidemment), nous laissait entendre une épopée palpitante regorgeant de secrets sur la vie de l'homme (on se voyait déjà être de petits Stéphane Bern sautant partout), et l'on s'aperçoit vite que l'on en savait finalement plus avec le cours de troisième durant lequel on n'écoutait pourtant rien (sauf le vendredi, jour du film historique). On tombe des nues devant la maladresse du discours, qui oscille entre une trop grande partie de vie privée (on a compris qu'il était fou de sa petite princesse, malheureusement handicapée) au détriment des faits de guerre (on ne voit que l'année 1940, rien d'autre), et des références historiques qui sont lancées au petit bonheur sans aucune explication ("Vous oubliez Dunkerque !"... Heureusement qu'on a vu le film de Christopher Nolan, sinon on serait passé à côté de l'argumentation de Churchill sur le ré-embarquement anglais). On ne sait alors pas trop à qui peut se destiner ce film : d'une part les férus d'Histoire seront déçus de la pauvreté des informations données, mais les simples curieux vont parfois se demander de quoi les personnages parlent (on lance ainsi des "Paul" pour désigner Paul Reynaud - comme si on le connaissait personnellement - ou des "Monsieur le Président" qu'il fallait en fait traduire par "Président du Conseil", et non le "vrai" Président de la République...). Lambert Wilson est bien entendu un très bon Charles de Gaulle, aidé par son immense prothèse nasale, bien que les dialogues sonnent souvent pompeux, presque théâtraux, surtout au début du film (la scène dans le poste de commandement des tranchées), ce qui accentue le côté "forcing d'admiration" qui plaira à coup sûr aux gaullistes dans l'âme. On tique aussi sur l'acteur choisi pour interpréter Winston Churchill, qui ne lui ressemble qu'en fermant (totalement) les yeux, une catastrophe quand on voit les multiples portraits réussis à l'étranger (Les Heures Sombres, Churchill, The Crown...), le modèle français fait littéralement pâle figure. Le rythme n'est pas soutenu, la palette d'émotions est réduite à néant (tout est rigide, guindé, froid), et on n'apprend rien (quitte à faire une mise en scène pompeuse sur l'appel du 18 juin, on s'attendait à ce qu'on nous donne l'information méconnue qu'il n'a pas été enregistré le jour-même, mais a été refait pour les archives le 22 juin... Eh non. Vous êtes censé le savoir...). Au final, on a trouvé le temps bien long, sauf à s'émouvoir dans les jolies scènes de tendresse avec la fille de Charles de Gaulle, car on a constamment eu cette impression que le film ne se destine qu'aux admirateurs nostalgiques du grand personnage. On préférait nos films historiques du vendredi sur le vieux poste à roulettes, qui avaient, eux, une histoire (Histoire) à nous raconter...
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Prédic' Césars 2021
Créée
le 9 mars 2021
Critique lue 85 fois
D'autres avis sur De Gaulle
Qu'elle est lourde la charge de la représentation d'une si importante figure de l'Histoire, et surtout, de l'idée que le peuple s'en fait : cette raideur, cette voix, cette grandiloquence un peu...
le 4 mars 2020
25 j'aime
13
De Gaulle de Gabriel Le Bomin Le cinéma français s'est rarement intéressé au personnage de de Gaulle, sans doute effrayé par son côté "statue du Commandeur", au contraire de son homologue britannique...
le 4 mars 2020
25 j'aime
À l’heure où les Biopics hantent le paysage cinématographique international, sort en salles le premier Biopic (au cinéma) du Général de Gaulle, figure historique française. Jusqu’à présent, il n’y...
Par
le 10 mars 2020
22 j'aime
11
Du même critique
Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...
Par
le 29 juil. 2021
49 j'aime
On sortait de plusieurs drames "qualitatifs mais pompeux" (on va le dire poliment) dans ce Festival de Cannes 2024, alors quand vous vous asseyez en bout de rangée (Team Last Minutes), et que le papy...
Par
le 28 mai 2024
41 j'aime
Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...
Par
le 9 oct. 2021
41 j'aime