Film choc ! De humani corporis fabrica est à la fois un documentaire qu'il faut avoir vu, mais il arrive en même temps à être repoussant pour son public (ou du moins une très grande partie). Non pas pour ses images (qui peuvent perturber un certain public non averti) mais par les choix de réalisation et de montage qui viennent "tuer" le récit.
Dès le début, le film de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel veut nous mettre dans une ambiance et un rythme particulier, avec d'abord cette double séquence d'ouverture d'une durée de presque dix minutes. Un temps qui se révèle interminable où l'on commence d'abord à suivre un chien en plan-séquence dans le dédale des sous-sols de l'hôpital sans aucune explication. Puis, suivi d'un second plan, fixe celui-ci, centré sur une chambre du service de réanimation où l'on donne les soins à une femme, avec en fond un membre du personnel qui nous explique la vie et la mort dans les hôpitaux. C'est le rythme qu'ils vont essayer de nous imposer tout du long sans jamais réellement y parvenir.
En effet, dans cette immersion au sein des services des hôpitaux de l'AP-HP, on y découvre simplement une succession d'action dépourvue de toute explication ou de mise en situation, ce qui peut avoir le don d'énerver le spectateur, qui n'arrive jamais à se situer dans "le récit" (enchaînement brusque de séquences qui n'ont aucun lien entre elles). Le film se découpe en deux parties, les passages de vie de l'hôpital et ceux de soin ou d'intervention. Si les seconds sont assez bluffants par l'originalité et la qualité de ses images, les premiers sont quant à eux assez différent, les extraits y sont très longs et très lents ce qui peut contraster avec ce qu'on imagine du monde de la médecine et cette constante course contre la montre.
Le documentaire est tout de même à travers son thème, un très bel hommage au corps qu'il soit humain ou médical. Les images, qu'elles soient tirées des outils médicaux ou d'une caméra plus classique sont assez exceptionnels à voir. Elles seront pour certaines personnes très difficiles, voir impossible à observer. Entre la coloscopie, la césarienne ou bien encore l'analyse d'un sein coupé après une mastectomie, on en ressort pas à son aise.
De humani corporis fabrica est dans le fond une excellente idée. Pouvoir découvrir l'intérieur d'un corps humain sans devoir être médecin est une très belle initiative. Un fond malheureusement gâché par la construction de son propos dû à un montage catastrophique. Le documentaire ne fait que perdre son spectateur pendant près de deux heures sans lui donner une quelconque explication à laquelle se raccrocher.