Des choses à dire sur ce film :
Ce qu'il y a de bien avec le cinéma français, c'est qu'on n'est jamais déçu. Soit parce que c'est bien (ça arrive... fréquemment dans le cinéma fantastique, beaucoup moins fréquemment pour ce qui est de la comédie). Soit parce que, d'emblée, on sait qu'il ne faut rien en attendre. Soit encore parce qu'on est un peu déviant. De l'autre côté du lit n'entre clairement pas dans la première catégorie.
On ne va pas se le cacher De l'autre côté du lit c'est très mauvais. Rien n'a de sens, tout tombe à plat, tout est prévisible.
Pire, c'est insupportable. Parce que le film se prend pour ce qu'il n'est pas. Il enfonce avec conviction et très bruyamment des portes déjà bien ouvertes (y’a plus d'hommes que de femmes à la tête des entreprises ; sans rire) au nom de l'égalité des sexes... alors qu'il est juste rétrograde et simpliste.
On y retrouve l'idée selon laquelle les femmes ne savent pas conduire, que les hommes sont forcément tendus à l'idée de conduire une voiture rose, qu'une femme doit gagner le respect en jouant les bonhommes (à savoir se taper des entrecôtes, des kils de rouge et accessoirement un collègue) et que quand on s'occupe de la maison et des gosses on porte des caleçons roses, on devient boulimique et on pique des crises de nerf à la caisse des supermarchés. En même temps que serait une comédie française sans crise de nerf ?
Niveau cahier des charges, De l'autre côté du lit assure le minimum : on a droit, en plus de la crise de nerf donc, à cet autre classique qu'est le moment gênant autour d'un repas (ou ici, d'un pré-repas), le plus rare mais non moins savoureux plat brûlé. On a aussi de l'anglicisme de langage d'affaires avec un « phoque le contrat » de très belle tenue. Moins calibrées comédie et France, des petites facilités type : un personnage qui priorise son boulot à sa vie de famille, un personnage dont on suit les pensées en voix off ou un personnage qui a une révélation subite (ici en posant les yeux sur des Playmobils®).
À ce squelette vont se greffer des subtilités genre Jailoutil (la boîte dans laquelle bosse Hugo (Dany Boon) et ensuite Ariane (Sophie Marceau) ; eh ouais, Jailoutil, tu piges hein ? clin d’œil-clin d’œil-coup de coude dans les côtes... Et des scènes qu'on subit les yeux écarquillés comme un lapin pris dans les phares : le gamin forcément perturbé hurle son désarroi à la face du monde en peinturlurant sa classe avec des symboles masculin féminin ; Ariane qui reconquiert forcément son mari de manière forcément grandiloquente dans les cinq-dix dernières minutes, forcément. Ce qui donnera lieu à l'utilisation d'un petit cri de Wilhelm parce qu'on a quand même affaire à des professionnel·les et des passionné·es.
De l'autre côté du lit, c'est un délicieux calvaire. Si vous avez un minimum de goût et d'amour propre : vous pouvez passer à côté sans regret, c'est une daube (ceci dit ça peut-être utile pour une session yoga des yeux ou entretien des cervicales, parce qu'on en passe du temps à rouler des yeux et hocher la tête de désapprobation).
Si vous aimez les nanars : passez aussi votre chemin, c'est juste un navet.
Si vous êtes déviant au point de vouloir tout voir : allez-y, c'est certainement pas moi qui vous jugerais.
Les ingrédients de ce film issus du bingo des clichés :
Personnage > Agissement :
? | Répète une phrase 2 fois ; ? | Se râcle la gorge pour attirer l’attention ; À voix haute | S’entraîne avant de... ; Coolitude | Est frappé·e par une révélation subite ; Enlève ses lunettes | avant de parler ; Interprétation | Rit de manière forcée ; Passion | Se fait draguer ; Regrette ; Se regarde dans un miroir | Maquillage, nœud de cravate, etc. ; Stylé | Se gare pile devant la porte du bâtiment à visiter ; Tension | Tape du poing sur la table pour passer sa colère ; ? | Pulsion sexuelle féminine
Personnage > Caractéristique :
Interprétation | En fait des caisses ; Vie personnelle | Famille ou boulot : priorise son boulot plutôt que sa famille
Personnage > Citation :
Interpelle | « Wo-wo-wo-wo-wo ! » ; Rassure | « Fais-moi confiance » ;
Réalisation :
Fin | Plan grue/hélico qui s’éloigne en montant ; Grammaire | Passage musical ; Mise en scène | Regard incrédule ; Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion ; Technique | Prises de vues multiples pour une même scène ; Technique | Travelling contrarié ; Vue subjective | Jumelles... avec deux ronds bien dessinés ; Woosh | Mise en scène ;
Réalisation > Accessoire et compagnie :
Ambiance | Plat brûlé ; Pouet-pouet | Photomontage grossier ;
Réalisation > Audio :
Ambiance sonore | Concert de klaxon pendant un embouteillage ; Effet | Son de disque rayé ; Musique | Classique ; Voix off | Pensées de personnage ;
Scénario > Blague, gag et quiproquo :
Est éclaboussé·e par un fluide ; Quiproquo de situation ; Vomi (gag) ;
Scénario > Dialogue :
À voix haute | Se parle ; Foule en délire ; Moment de tension : s’exprime en articulant chaque syllabe ; Philosophie/psychologie de comptoir ;
Scénario > Élément :
Toast ;
Scénario > Situation :
Situation | Moment gênant lors d’un repas ; Situation | Moment « Woo-hoo ! » ; Situation | Topo de couloir ;
Thème > N’importe quoi :
Accessoire | Garde son caleçon ou sa culotte pour baiser ; Trop con·ne | Ces gens font des trucs complètement con ;
Thème > Rejets, moqueries ou discriminations :
Stéréotype physique lié à un métier ;
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes :
Attitude et/ou stéréotype sexiste ; Image dégradante | Femme qui gagne le respect d’un type en jouant au bonhomme ; Image dégradante | Tombe en pâmoison devant un bijou ; Violence sexiste | Mauvaise conductrice ;
Thème > Testostérone :
? | Pulsion sexuelle masculine ; Muscle | Entraînement physique débile
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais