Prends l'oseille et tire-toi !
Tourné par un gros studio alors que l'Amérique s'embourbe dans le conflit au Vietnam, "De l'or pour les braves" est symptomatique des années 60 / 70, époque où Hollywood n'avait pas peur de prendre des risques, de nager à l'aveugle.
Typique du cinéma post-hippie, "De l'or pour les braves" est un joyeux bordel qui découle directement d'un tournage chaotique, une bande ouvertement anachronique et iconoclaste, dont le scénario ne semble jamais aller plus loin que son idée de départ mais qui, malgré ses nombreuses longueurs, fini par emporter l'adhésion grâce à une ambiance décontractée et goguenarde.
Bien que visant principalement la farce, Brian G. Hutton n'en oublie pas moins les codes du film de guerre et offre des séquences spectaculaires, servant évidemment de prétextes et n'apportant rien à l'intrigue mais qui ont le mérite d'être mise en boîte avec une certaine efficacité.
D'un casting sympathique (Clint Eastwood, Don Rickles, Telly Savalas...), on retiendra surtout le numéro sous LSD d'un Donald Sutherland complètement à l'ouest, sorte de hippie défoncé en permanence et extrêmement attachant dans sa folie douce, qui interroge toutefois sur l'état du comédien sur le plateau.
Bancal et maladroit, bien trop long et n'allant pas totalement au bout de son délire, "De l'or pour les braves" reste à voir pour se faire une idée de l'atmosphère aussi bien bon enfant que borderline qui devait régner sur les tournages à l'époque, un produit hybride mais attachant qui inspirera à David O'Russel ses "Rois du désert".