Septembre 1944, les Alliés ne sont pas très loin de Nancy. Le soldat américain Kelly capture un colonel allemand et découvre qu'un gros dépôt de lingots d'or se trouve dans la banque d'un village sous bonne garde de l'occupant. Kelly va assembler une petite troupe avec l'aide du sergent "Big Joe" et du sergent tankiste "Oddball" pour aller chercher cet or manu militari, à l'insu de ses supérieurs.


Un film de guerre peu ordinaire qui a eu le plutôt bon goût de parodier ce qui se faisait depuis environ 30 ans dans ce genre cinématographique très codifié outre-Atlantique (ou, quand j'y pense, parodier sans le vouloir ce qui se fait plus de 40 ans après aussi, n'est-ce pas Fury?), ça sent pas mal les contrecoups du Vietnam et la contre-culture de la fin des années 60. Pas aussi irrévérencieux qu'initialement prévu d'après Clint Eastwood, les producteurs frileux qui vous charcutent des films ça ne doit pas être très agréable à vivre... Le "flag-waving" en a pris un coup sans crier gare néanmoins, ces soldats-là sont bel et bien des héros... mais préfèrent le pactole aux médailles. Les supérieurs s'affairent toujours à autre chose que la conduite de la guerre (voler un yacht au milieu du chaos, faire du shopping à Paris...), et De Gaulle prend aussi une petite blagounette dans la figure sans être présent. Et puis sur la fin, même un Waffen SS peut mettre son fanatisme en sourdine pour quelque chose de bien plus rentable. C'est presque un film de guerre "Spaghetti" en fait, Eastwood et la scène du char Tigre aidant.


La reconstitution historique on s'en fiche pas mal (tournage dans les Balkans pour figurer la Lorraine), ça permet aussi des écarts anachroniques qui peuvent devenir savoureux, à l'image du commandant de char proto-hippie, le sergent "Oddball" (Donald Sutherland), dont l'excentricité et la décontraction ne vous donneront plus qu'une envie après avoir vu le film : chasser les "ondes négatives". Le grand Clint est un peu en retrait mais sa présence reste essentielle, et Telly Savalas fait preuve d'une veine comique beaucoup moins lourde que dans La Bataille des Ardennes (à ce propos, son empressement à "trouver des filles" et de l'alcool pour sa troupe ça renvoie involontairement à un aspect de la libération qui n'est pas des plus reluisants, mais ce n'est pas vraiment le sujet ici).


Les défauts principaux consistent encore et toujours en la piètre balistique / le piètre entraînement au tir des ennemis (la mort n'est cependant pas aux abonnés absents dans le camp de ces renégats héroïques), le peu de vrai vocabulaire allemand de ces derniers (étrange vu que c'est la même équipe qui a réalisé Quand les Aigles attaquent, mais c'est moins dérangeant dans un film de guerre de 1970 qu'en 2014, suivez mon regard) et surtout en un thème musical principal très années 60 dont je peine un peu à mesurer la vraie utilité.

Jackal

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