Asservissement et dualisme
L'idée initiale est intéressante : éclairer le spectateur de l'asservissement par la marchandise dont il est l'acteur (victime et bourreau). Objectif qui n'a rien de novateur, inscrit dans la lignée de la critique marxiste du capitalisme.
Mais, sur la forme le documentaire est caricatural, proche des films de théorie du complot. La musique à l'effet dramatique certain, les citations manifestes entrecoupant les scènes et les images des esclaves que nous sommes (chaînes de montage, lieux publics saturés, supermarchés...) concourent à installer un climat violent.
Le fond patit nécessairement de la forme. Pourquoi la critique d'un système de surconsommation, du travail aliénant et de la domination du capital devrait passer par une division manichéenne entre bien et mal, entre mauvais et bons ?
La mise en garde des auteurs eux-mêmes nous éclaire sur le ton de ce film, sur sa proximité avec des oeuvres dualistes ou réductrices : "Il va de soi que les organisations nationalistes, racistes ou antisémites n'auront jamais notre approbation pour s'approprier ce film sous quelque forme que ce soit".
En bref, "De la servitude volontaire" soulève des points centraux de l'asservissement par le système capitaliste néolibéral mais tombe dans une vision simpliste de la révolte, du retournement dialectique de la situation, visible dans la réalisation comme dans les propos tenus par le narrateur.