A la lecture des sinopsis et autres résumés, franchement, on n'y va pas en courant.
L'alliage cancer/histoire d'amour, ça a été fait très souvent et c'est vertigineusement casse- gueule.
Et la première qualité du film, c'est que, comme beaucoup de monde, on a tellement peur de cette maladie, de ce qu'elle représente, de la dégradation du corps, de la mort en elle même, qu'on se focalise sur toutes les autres choses qui passent à portée.
Ici cela passera par toutes les formes de la réconcilliation :
- Avec les gens en général,
- Avec soi-même, avec son corps
- Avec la famille et toutes ses anciennes douleurs
- Avec l'amour.
Assez déroutant au final. On pense après la première scène qu'on a capté les enjeux du film, et puis en fait on se trompe.
D'un côté de la balance il y a quelques maladresses et quelques ficelles un peu grosses que la réalisatrice, dont c'est le prometteur premier film, n'arrive pas à complètement se départir.
Pour sa défense, le choix du sujet et le scénario aurait pu donner lieu à bien pire et on pardonne assez facilement quelques moments un peu "too much" dans une sincère (ce me semble) volonté de montrer plutôt les bons moments que les mauvais.
Surtout que l'autre côté de la balance, on découvre plusieurs scènes d'une finesse et d'une poésie assez époustouflante qui fait espérer de grandes choses dans les futurs projets d'Anne-Gaëlle Daval.
Et elle est également bien aidée en cela par l'immense Josée Drevon quand celle-ci fait exploser son rôle un peu monocorde dans une scène magnifique dont je me souviendrai longtemps.
On est alors parfois dans la totale vérité de certains dialogues entre un parent et son enfant adulte, parfois si acerbes et chargés de sous-entendus, mais où se nichent les liens indéfectibles de la famille, cachés sous des monceaux de pudeur.
Pour ma part, je constate une maîtrise déjà grande pour ces scènes dialoguées, chargées de non-dits, où s'expriment cette pudeur et cette tendresse, avec en plus, quelques véléités, trop rares dans le film hélas, de trouver des cadrages très justes et assez réjouissants (ex : scène de l'Epadh).
On l'invite à encore plus se lâcher sur la forme visuelle.
Florence Foresti a, je pense, encore quelques "trucs" à apprendre dans le métier d'actrice, mais son implication est assez remarquable et on voit un gros travail qui tend clairement à dépasser ses solides facilités naturelles qu'elle n'avait jusqu'ici qu'exprimé dans de la comédie.
Et je pense qu'elle est trop intelligente pour ne pas avoir parfaitement compris que ce n'était pas là un "rôle à récompense" et que du coup, son travail et sa réflexion sur le rôle semble on ne peut plus sincère.
J'ai trouvé Nicole Garcia un peu trop sur la retenue tandis que Matthieu Kassovitz et Jonathan Cohen sont dans leurs registres respectifs habituels mais sans tirer la couverture à eux.
Et j'ai finalement beaucoup aimé ce parti prix fort de la réalisatrice de faire dire à Jo Co : "Dans la vraie vie, les gars c'est pas des connards. Ils embrassent les filles, ils leur tiennent la main et ils leur disent que tout va bien se passer."
Ce n'est assuremment pas toujours le cas, loin s'en faut, mais ça a le mérite de dire que ça existe, malgré tout, en nous offrant ainsi la nuance du propos qui précède "les princes charmants, ça n'existe pas".
J'ai l'impression que c'est ici une voix féministe singulière qui s'exprime, entre lucidité et espoir.