Anne-Gaëlle Daval signe un premier film empli de délicatesse. C’est d’ailleurs ainsi qu’on aurait pu le nommer tant le regard porté sur les personnages est délicat. Il se dégage une infinie plénitude à la vision de « De plus belle », c’est un film qui procure une sensation de bien-être sans pour autant être un feel-good movie. La réalisatrice développe une vision empathique et pleine de douceur envers ses personnages, ce qui ne l’empêche pas d’être aiguisée. En choisissant de traiter du cancer tout en y injectant une romance, elle n’a pas choisi la facilité. Mais la pertinence de son écriture compilée à des dialogues et des situations qui sonnent profondément justes font le travail.
Certes, la partie romantique fonctionne moins bien que le reste. Si au final leur couple emporte l’adhésion sur la longueur, au début on a un peu de mal à croire à l’histoire qui débute entre Lucie (Florence Foresti) et Clovis (Mathieu Kassovitz). Leur début de relation apparaît mal écrit - ou grossièrement - et n’est pas crédible. Il faut en faire l’impasse sous peine de ne jamais pouvoir y accrocher. Pourtant, lui est tout à fait convaincant dans un rôle de charmeur dans lequel on ne l’attendait vraiment pas. Quant à Florence Foresti, elle signe là une performance bluffante. D’abord parce que ce n’est pas son registre habituel et que beaucoup de comiques se sont cassé les dents à vouloir tenter le registre dramatique, mais surtout parce qu’elle est même carrément excellente et n’en fait jamais trop. Même ces quelques mimiques, héritées de ses spectacles comiques, que l’on peut retrouver parfois au détour d’une scène servent le film et son léger aspect comique. Elle passe là son examen avec brio et jamais dans la prestation forcée.
Là où « De plus belle » est néanmoins le plus réussi est sans conteste la partie dramatique. Traiter du cancer du sein et du rapport de la femme avec son corps meurtri n’est pas chose aisée, surtout lorsqu’on choisit un film à la tonalité plutôt douce, voire joyeuse par moments. Daval s’en sort avec les honneurs, grâce à des situations pleines de bon sens et un traitement frontal et pudique à la fois. Elle s’en tire donc avec les honneurs tout comme elle parvient à s’échapper d’une mise en scène télévisuelle que ce genre de film adopte trop souvent. Ses images n’en oublient pas d’être soignées et agréables à l’œil. On aime également la galerie de seconds rôles qui constitue la famille de Lucie et nous procurent de jolis moments tour à tour drôles ou émouvants. Un premier film frais et charmant sur un sujet pas forcément simple.