Jean,homme à tout faire dans un salon de coiffure,est secrètement amoureux de sa patronne Emilie.C'est pourquoi il lui envoie une lettre d'amour anonyme.La fille n'y prête pas attention,puis décide d'envoyer la missive à sa mère,déprimée depuis que son mari l'a quittée,en espérant que ça lui redonne goût à la vie.Comme ça fonctionne,la coiffeuse se met à écrire elle-même des lettres enflammées à sa mère,laquelle finit par croire à la suite d'un malentendu que c'est Jean qui les lui adresse,ce qui met les trois protagonistes dans une situation compliquée et inconfortable.Le réalisateur Pierre Salvadori s'illusionne et se prend pour un grand auteur de comédies romantiques à l'américaine.Non seulement il se gourre mais il a de plus pris la mauvaise habitude de rédiger ses scénarios avec Benoît Graffin,une sorte d'analphabète décérébré qui a réussi on ne sait comment à persuader les décideurs du cinéma français qu'il a un talent d'écriture.Par conséquent "De vrais mensonges" est à peu près aussi désastreux que les autres oeuvres de ce funeste duo.Cet interminable enchaînement de quiproquos improbables est filmé à la manière d'un feuilleton de service public,sans aucun rythme ni idée de mise en scène,et tente laborieusement de nous intéresser aux divagations d'un trio de personnages d'une insondable débilité.Pour compenser la faiblesse du script et des dialogues,les auteurs essaient d'introduire une dimension burlesque pour laquelle ils n'ont visiblement aucune compétence,ce qui aboutit à plonger les acteurs dans un surjeu embarrassant proche du numéro de clown pour cirque itinérant fauché.Les outrances insanes se succèdent avec brio au fil des hasards et des coïncidences stupides.On croit vers le milieu du film que ça va enfin embrayer lorsque la narration se concentre sur Maddy et Jean avec une série de scènes efficaces et bien articulées,mais ce ne sera que feu de paille et les absurdités reprendront de plus belle ensuite,au son d'une musique ringarde et cacophonique,tandis qu'une fin heureuse d'une imparable niaiserie viendra clore le calvaire.Reste au moins la beauté de la ville de Sète,désormais très prisée des tournages,mais même ça est raté,Salvadori n'arrivant pas à mettre en valeur ses décors.Comble de malheur,l'actrice principale est Audrey Tautou.On sait qu'elle est la comédienne fétiche du cinéaste depuis le décès de Marie Trintignant,et elle promène une fois de plus sa face disgracieuse,ses mimiques hallucinées et son jeu d'une fausseté jamais prise en défaut.Vu qu'il n'y a que trois rôles importants dans le film,ça constitue déjà un sérieux handicap.Fort heureusement Nathalie Baye et Sami Bouajila sont des professionnels d'un tout autre calibre et ils parviennent à faire passer quelques éclairs de classe en dépit de l'idiotie et de la nullité de leurs personnages.Accessoirement Nathalie,à 62 ans,est dix fois plus belle et sexy que cette pauvre Audrey.Daniel Duval,Stéphanie Lagarde et Judith Chemla composent de savoureux comparses mais leur temps d'apparition à l'image est très limité.Curieusement Nathalie Baye avait eu pour partenaires Duval en 98,dans "Si je t'aime,prends garde à toi",et Tautou l'année suivante dans "Vénus Beauté".