En mars et avril 2004, deux comédies à forte teneur en zombies font leurs premiers assauts des salles obscures et des festivals. Du côté anglais, Shaun of the Dead se révelera un un immense succès, redonnant du mordant à toute une suite de productions. Du côté américain, Dead and Breakfast est bien moins connu et pourtant assez savoureux. Je vous en coupe une tranche ?
Une petite troupe de jeunes se rendant à un mariage s’arrête pour la nuit dans une chambre d’hôte d’une petite ville un peu reculée. Le cuisinier de l’établissement est sauvagement assassiné pendant leur passage. Les autorités locales, les suspectent d’en être responsable et leur demandent de ne pas quitter la ville. Malheureusement, l’un d’entre eux renverse une ancienne boîte maléfique. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises.
Dead and Breakfast est surprenant à bien des égards. S’il fallait jouer le pronostic de qui survivra à la fin, bien peu tomberont juste. A vrai dire, on aimerait bien que tous s’en sortent, la plupart des personnes ce petit groupe se révélant attachant. Mais les aléas du scénario font que certains subiront une évolution de leur comportement ou connaîtront un sort tragique ou que d’autres.
Même dans la menace du film, le film se révèle imaginatif, avec un mélange de zombies traditionnels et de possession mystique, avec l’aide d’une boîte ancienne et asiatique. Cette petite armée de zombies n’a pas perdu toutes ses facultés, à l’image de leur meneur, grandiloquent et doucement fou. Une histoire de rituel abracadabrant est la seule manière d’en venir à bout.
Le film ne manque certainement pas d’humour. Entre le contexte redneck et la menace zombie, il y a peu de différences dans leur intelligence. Dead and Breakfast peut être sanglant, manier le bon mot cynique ou jouer sur le décalage des situations. La découverte du premier corps est un bon exemple, jouant sur un burlesque rarement vu dans un tel film. Mais la galerie de personnages est aussi un point fort du film, exagérés juste ce qu’il faut, avec un adjoint maladroit, un shérif qui se croit dans un film des années 1990 ou la meilleure responsable des archives jamais croisée dans un film, badass, mignonne et professionnelle jusqu’au bout. Et sans oublier le chanteur de rock-country, qui ponctue certaines scènes de ses commentaires en chansons. La bande son est d’ailleurs excellente, merci Zach Selwyn. Il y a même un court passage musical.
Avec une fine équipe d’acteurs réunis autour de Portia de Rossi, Oz Perkins ou Jeremy Sisto, tout ce petit monde joue de manière assez convaincante, dans cette ambiance entre l’horreur et la drôlerie assumées. Le grand David Carradine y fait d’ailleurs une apparition remarquée, parallèlement à son grand retour sur la scène cinématographique avec Kill Bill.
Décomplexé et imaginatif, Dead and Breakfast est assez jubilatoire, que ce soit dans son humour ou sa violence. Son réalisateur Matthew Leutwyler a sorti d’autres films mélangeant l’humour avec d’autres genres dans Road Kill et This Space beetwen us. Il faudra y jeter un œil curieux et gourmand.