Avec John Frankenheimer, il y a toujours à boire et à manger. D’un film à l’autre et, souvent, dans un même film. Dead bang échappe peu à ce constat. D’un côté, le sujet est franchement intéressant et le personnage principal original, mais, de l’autre, de nombreux éléments dénotent. En premier lieu, le récit est terriblement décousu. On comprend bien que le scénariste veut étoffer la personnalité de Don Johnson mais certaines directions prises par moments ont tendance à perdre un peu le spectateur. Ainsi, sa liaison avec Penelope Ann Miller n’apporte strictement rien et crée une certaine confusion. Une confusion entretenue également par le fait que l’actrice, qui tient au générique le second rôle, disparaît totalement sans qu’on comprenne ce qu’elle était venue faire là. Autre exemple, alors que Don Johnson suit sa proie, on le fait revenir à Los Angeles pour un entretien franchement ridicule avec un psychiatre.
Ces écarts dans le récit cassent le rythme d’une histoire qui avait tout pour faire une bonne série B qui dépote. D’ailleurs, là où John Frankenheimer se montre le plus efficace est dans les scènes d’action avec quelques poursuites (à pieds ou en voiture), autres fusillades et explosions qui pètent comme il faut. Pour le reste, l’intrigue, en dépit de sa simplicité, manque parfois de lisibilité. On aurait également imaginé sans mal une atmosphère un peu plus glauque. Mais l’ensemble se regarde bien. Don Johnson, qui n’a pas eu la carrière qu’il aurait mérité, est parfait dans son rôle de flic un peu cassé, tel qu’on pouvait en croiser dans les polars des années 80. Les paysages sont bien exploités. Le final explosif puis amer laisse une impression positive.
On pense parfois au cinéma de Walter Hill, même si la mise en scène est un peu moins recherchée et que John Frankenheimer rencontre davantage de difficulté à créer une ambiance. On aurait peut-être aussi apprécié que le réalisateur aille parfois un peu plus loin. L’enquête, par ailleurs, qui touche ce groupe d’extrême-droite aurait gagné à être approfondie. Un tableau plus inquiétant de celui-ci aurait été bien plus pertinent que les situations sans intérêt décrites au début de cette critique. Le résultat se suit cependant avec intérêt mais le potentiel ne semble pas totalement optimisé. Dommage.