Il y a les films de zombies qui s'inspirent de la culture vaudou, puis ceux qui dénoncent la dangerosité du système capitaliste. Il y a également les comédies du genre, ainsi qu'une longue série de métrages clonés jusqu'à l'écœurement. Et puis il y a les films de zombies sociaux, imaginés par le Britannique Andrew Parkinson qui inaugura le genre avec I Zombie : The Chronicles of Pain qu'il réalisa en 1998 et que je n'ai malheureusement pas encore vu.
3 ans plus tard, Parkinson s'attèle à Dead Creatures, un DTV qui tape dans l'œil de l'équipe de Fangoria qui distribua le film aux USA en proposant 2 versions, censurée ou uncut. Cette dernière fut par ailleurs uniquement vendue par correspondance.
En France, on a fait un peu moins de chichi puisque l'éditeur Bloody One est directement passé par la case uncut pour nous offrir l'opportunité de découvrir cette pépite horrifique. Enfin, pépite, c'est vite dit, car beaucoup n'adhéreront certainement pas au point de vue subjectif que Bob Clark proposait déjà en 1974 avec Le Mort-Vivant, chef-d'œuvre du genre dont Joe Dante s'inspira pour l'épisode Homecoming, issu de la célèbre série Masters of Horror.
En effet, Dead Creatures semble diviser pas mal les spectateurs vu sa note au rabais sur IMDb (un malheureux et incompréhensible 4/10) de par certainement l'absence de scènes d'action propres aux habituels films de zombies. Car Parkinson opte ici pour une approche assez novatrice du monstre cannibale en nous proposant de plonger dans l'univers sordide d'un groupe de jeunes femmes porteuses d'un terrible mal, vivant en autarcie tout en étant forcées à aborder des hommes afin d'apporter l'alimentation nécessaire à la communauté. Soudées, elles assistent les plus faibles d'entre elles qui se décomposent peu à peu tout en essayant d'échapper à un mystérieux chasseur de zombies, névrosé et alcoolique.
On pense parfois aux premières œuvres de Cronenberg pour l'altération des corps rongés par un mal incurable, ainsi qu'à certains films de Fulci pour l'atmosphère poisseuse et gore. Des références déroutantes qui réussissent, grâce au caractère limité de la production, à mettre le spectateur dans une position particulièrement dérangeante.
Doté d'un casting de formidables jeunes actrices, Dead Creatures propose également une vision féministe pertinente et bienvenue, très loin de certains propos radicaux actuels qui annihilent toute crédibilité de forme comme de fond en ce sens. Un film tout autant novateur que social que n'aurait certainement pas renié Ken Loach s'il s'était essayé au genre horrifique.
Merci encore à Torrente (membre de Sens Critique) pour cette très chouette découverte.