Terminus, tout le monde monte

Fin du 19e siècle, le train emmenant William Blake (Johnny Depp) vers la promesse d'une nouvelle vie s'enfonce dans l'Ouest américain. Les paysages sauvages défilent tandis que la civilisation s'éloigne progressivement. Sans aucune forme d'explication, l'étrange mécanicien du train vient taper la discute avec notre Billy. Après un échange de banalités qui nous en apprend plus sur Bill, tout en soulevant de nombreuses autres questions, le mécanicien pose enfin cette question qui devait fatalement arriver au vu des circonstances : "ou allez-vous?". "A Machine" répond alors le brave Bill. "Machine!" s'exclame le mécanicien, "ça c'est le terminus!".

Etrange prémonition, car arrivé à Machine rien ne se passe comme prévu pour le pauvre Bill. Le travail de comptable qu'on lui avait promis dans l'usine de le ville à déjà été pourvu. Dans son malheur il fait la rencontre de la plus jolie fille de la ville qui l'emmène chez elle. Hélas c'est la copine du fils du grand manitou, s'en suit un échange de coup de feu où périssent la jolie fille et l'amant jaloux. Bill, gravement blessé, prend la fuite sur un magnifique cheval de race.

Notre Bill a perdu beaucoup de sang, mais fort heureusement il est sauvé par un indien nommé Personne (Gary Farmer) qui voit en lui l'âme du poète homonyme de William Blake égarée sur terre. Il se fait donc un devoir de l'aider à trouver son chemin. Pendant ce temps les pires chasseurs de primes de l'Ouest se lancent à la poursuite de Bill qui finira par devenir ce qu'on a fait de lui : un hors-la-loi.

Ce voyage spirituel sublimé par un noir et blanc de toute beauté, et les riffs sépulcraux du guitariste Neil Young nous emmène aux confins du monde connu, en traversant des régions inhospitalières où se côtoient des cannibales peu loquaces, des trappeurs semi-sauvages, et des marchands faussement affables. Une ambiance pesante règne, entrecoupée de scènes ou de répliques comiques qui sont très bien venues. Johnny Depp est parfait dans ce rôle d'âme en peine, tout comme Gary Farmer qui incarne à merveille ce chamane à l'humour très spirituel. Ne pas oublier le monument Robert Mitchum dans un de ses derniers rôles, l'immense John Hurt qui électrise la courte scène dans laquelle il apparait, ainsi que la figuration assez surprenante d'Iggy Pop (comment Iggy Pop peut encore surprendre?).

En résumé Dead Man est un film beau et poétique, sérieux et drôle. Une invitation au voyage qu'on ne peut pas refuser. Un voyage dont on ne revient pas indemne, ou dont on ne revient pas tout court…