Je ne suis pas très western.


Ceci est dû, du moins en partie, au fait que je n'en ai quasiment jamais vu qui soit un minimum similaire à Dead Man. Il s'agit là de ce que l'on pourrait qualifier de western d'indien, non pas un western avec des indiens, mais un western qui va progressivement placer notre point de vue de spectateur du côté de qui voit le monde côté indien.


Dès le départ Jarmusch donne son avis sur cet homme blanc qui pille la terre, massacrant au passage aussi bien bisons que peuples natifs. Le personnage que l'on suivra, arrivant de chez les blancs dits civilisés, sera rapidement exclu d'un lieu où les siens sont barbares, violents et destructeurs, lieu où il avait eu la chance autant que le malheur de trouver un îlot de pureté en la personne de Thell.


Plutôt qu'exclu on pourrait, peut-être même devrait-on au vu du titre, le dire mort. Socialement déjà, car devenu paria, mais avec sa balle logée à côté du cœur il est surtout un mort en sursit. Un sursit qui le mènera, pas tout à fait de son plein gré, à découvrir le monde de l'autre côté des frontières. Entre ces deux peuples, indiens et colons américains, mais aussi entre nature et civilisation s'affranchissant de cette dernière, entre un monde tristement matérialiste et un autre mélancoliquement spirituel.


Comme toujours avec Jarmusch, tout est question d'atmosphère, de poésie et de musique, de faux je-m’en-foutisme, de clins d’œil nonchalants, d'incompréhensions linguistiques et de vraies réflexions sur la place que l'individu occupe dans le monde.


Il offre ainsi ce qui est à coup sûr le plus beau rôle de Johnny Depp, ainsi qu'un chant du signe, d'autant plus magnifique qu'il sait saborder tout ce qu'il peut y représenter, à l'immense Mitchum. Le tout sur une B.O. par un Neil Young qui semble se foutre tout à fait de livrer un truc aussi beau, magnifique.

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le 25 avr. 2022

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ZayeBandini

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