Un énième tentative de relancer le genre du western, avec tous ses clichés ? Pas du tout. Jim Jarmusch réussit ici un pari ambitieux, celui de transcender le film de cow-boys. En modifiant, adaptant, voire en cassant les codes du genre, il a su attirer les amateurs de films contemplatifs, riches en tableaux, sans toutefois s'aliéner les fans de westerns traditionnels.

Le choix du noir & blanc, justifié par le réalisateur par la volonté d'éviter la comparaison avec les westerns spaghettis de Sergio Leone et leurs couleurs trop connues et assimilées à cet âge d'or du genre, convient à merveille. Le casting de génie s'adapte parfaitement à cette ambiance, avec notamment un Johnny Depp "haut en contraste" et en subtilité. De son visage très pâle à son style vestimentaire très sombre, Jarmusch en fait un personnage complexe et changeant - ce qui sied très bien à cet acteur aux milles visages.

Gary Farmer, dans le rôle, certes très classique mais toujours efficace, de l'indien sage et mystérieux, sonne juste. Le peu loquace Lance Henriksen dans le rôle de Cole Wilson est, malgré sa monstruosité poussée à l'extrême, un "méchant convainquant". La jolie Mili Avital, quant à elle, interprète avec panache Thel Russel, mélange subtil de sensualité et d'ingénuité.

Enfin, que serait ce film sans la magnifique BO signée Neil Young ? Ses guitares nous envoûtent, nous charment, nous bercent tout au long du long-métrage. Le thème est le même, mais ses variations et son adéquation à l'atmosphère en font un élément à part entière du scénario ; il est donc difficile de s'en lasser, à moins bien sûr d'avoir une dent contre le style du guitariste.
littleblacksmith
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le 3 sept. 2013

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