Superbe équilibre entre drame et comédie
Le cinéma belge francophone est parfois surprenant. Il peut à la fois offrir un cinéma dramatique et social, assez pompant, il faut bien l’avouer. Et d’autre part, il peut nous gratifier de comédies satiriques ou noire. Et bien Patrick Ridremont s’inscrit ni dans l’un, ni dans l’autre.
C’est sa force, c’est de trouver sa place et son style dans le cinéma belge. Dead Man Talking est une œuvre à la fois dramatique et drôle. Ridremont jongle en permanence entre l’humour de second degré et le drame pur. Mais l’équilibre est admirable. Certaines scènes sont parfois surréalistes.
Bien entendu, ce n’est pas parfait. Certaines scènes me semblent même peu nécessaires comme celle de la visite de l’assistante de communication du Gouverneur au domicile du gardien. Mais en même temps, Ridremont montre une certaine maturité avec d’autres séquences, notamment dans les scènes de violence qui montrent pas mal de distanciation. Ridremont a aussi su s’entourer correctement avec notamment un directeur de photographie qui offre une belle photo, bien sombre du film.
En plus d’être drôle, le film de Ridremont offre du fond. A la fois critique envers la téléréalité et la manière dont un sujet ou une personne peuvent être reprise pour servir les desseins d’autrui, l’œuvre flirte constamment sur le postulat d’être pour ou contre la peine de mort sans être vraiment lourd ou dans le cliché.
Il y a évidemment l’intérêt du personnage de Ridremont, qui devient un objet pour les autres, mais dont on ne pose jamais la question de ce qu’il veut, jusqu’au final où il a enfin le droit de s’exprimer. William Lammers est un beau salaud, mais en nous racontant son histoire, on y découvre des blessures, des failles, des éléments qui font de lui un être humain comme un autre malgré le fait qu’il soit un assassin. On est pris d’empathie pour le personnage, constamment sérieux, mais un sérieux contrebalancé par les autres rôles.
J’aime les seconds rôles, excellents vraiment pour la plupart. Je trouve Virginie Efira en-dessous d’un Berléand ou de Christian Marin par exemple, qui est lui vraiment excellent dans son rôle d’aumônier. Mais elle se débrouille quand même très bien. Beau rôle aussi pour la toute jeune Pauline Burlet qui devrait aller loin je pense.
L’œuvre n’est certainement pas parfaite, mais est clairement touchante et profondément humaniste. La surprise belge de l’année.