Après le carton interplanètaire de Saw, James Wan qui ne souhaite pas s’enfermer dans le carcan du torture porn qu’il a contribué à ériger compte bien faire taire les mauvaises langues à son sujet en revitalisant le mythe des poupées tueuses qui sont devenus quelque peu ringardisées depuis que la Full Moon Features en a fait son principal cheval de bataille, en produisant des spin off à la chaîne à sa saga des Puppet Master et/ou succédanés (Dolls Graveyards, Blood Dolls, Demonic Toys etc...) quant ce n’est pas des props maléfique (Gingerdead man, Evil Bong) qui en reprennent tous les codes et artifices, bien souvent calqué sur le scénario de Don Mancini pour Chucky. Pour cela il peut compter sur des moyens à la hauteur de ses ambitions artistiques et sur le talent de son chef opérateur John Leonetti pour réinvestir les classiques des films d’épouvante de la Hammer et du gothique italien de Mario Bava afin d’insuffler une atmosphère lugubre et oppressante à ses compositions qui propose ténèbres et clairs obscures laissant entrevoir des silhouettes insidieuses tapis dans le noir. Les tons monochromatiques tendent également à figer les personnages comme des marionnettes dans le décor. Toute ville fantôme qui se respecte possède un boogeyman emblématique, la banlieue résidentielle de Elm Street est aux griffes de Freddy Krugger, Gripsou niche dans les égouts de la ville de Dairy, et Raven’s Fair est hanté par l’esprit de Mary Shaw, une ancienne ventriloque dont la simple évocation du nom est devenu un sujet tabou pour ses habitants depuis qu’elle a été assassiné pour l’enlèvement d’un petit garçon. Lorsque la femme de Jamie est retrouvée morte dans des circonstances effroyables avec la mandibule aussi disloquée qu’un pantin de bois, ce dernier suspecté pour homicide décide de retourner dans sa ville natale afin de mener l’enquête.
Comme dans son précédent huit clos, rien n’est laissé au hasard et on pourra assimiler le visionnage à un tour de train fantôme puisqu’il convoque tous les environnements typique de l’épouvante gothique (ville mortifère, cimetière, morgue, manoir hanté). La mise en scène offre également des transitions très stylisés ainsi qu’une multitude d’artifices (porte qui grince, jump-scare) de manière à faire monter le tensiomètre au plus haut. A peine pourrons-nous reprocher au parcours sa linéarité et son rythme un peu trop frénétique pour pouvoir pleinement profiter de ce tour de manège. Finalement, le film ira même à rebours des attentes du public, et si l’on s’attendait à assister aux attaques d’une cohorte de poupées démoniaques, le réalisateur lui préfèrera les manifestations d’un mauvais esprit qui cherchera à édifier la marionnette de ventriloquie parfaite en s’emparant de la voie de ses victimes. Quand les cinéastes contemporains ne peuvent pas s’empêcher de meubler leurs films d’une musique d’ambiance incessante, James Wan lui choisira d’insuffler un climat anxiogène grâce à un silence de mort, exploitant à bon escient le hors-champ si bien que le public aura tout le temps de baliser à l’approche du surgissement tant redouté. Dead Silence repose en effet sur les mêmes ressorts horrifiques qui glaceront d'effroi les fans de la sagas Insidious et Conjuring. Le cri devient même le parfait gimmick scénaristique du film qui aura pour effet de pétrifier le spectateur qui daignera enfin fermer sa gueule pour ne pas se retrouver avec une main dans le cul et la langue bien pendue.
Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.