Datant de 1970, tourné en langue anglaise, en pleine vague des western spaghetti, le film m'a fait penser à "El topo" d'Alejandro Jorodovsky, par son atypisme. Certes, tous les codes du western sont là, mais détournés au profit d'un film au final mental, figé dans le décor idéalement déglingué d'une ancienne mine, où vivent trois personnages, dont deux femmes. La scène du début est en soi un moment d'anthologie, tournée dans le désert jordanien, le Wadi Rum, aux blocs de roche massifs et étrangement érodés, elle introduit le personnage principal, fragilisé, titubant sous une lumière vive qui crée parfois des flous de chaleur. Puis vient un temps où le cinéaste s'amuse avec les retournements de situation. L'usure est peut-être l'adjectif qui sied le mieux au film, qui débute taiseux, puis engage une véritable guerre des nerfs entre les différents personnages. Un suspense se met en place. Les plans immobiles (très peu de travellings) soulignent bien l'enjeu de cette attente, ils alternent avec des plans psychédéliques du soleil. La présence des femmes est très sexualisée. La bande originale du film est signée par le groupe de rock expérimental allemand Can, et épouse parfaitement cette ambiance lourde, jeu de patience, poker menteur, qui voit l'un des personnages perdre à la fin son sang-froid et agir avec une ultraviolence inouïe.