« It's almost like the studio couldn't afford another X-Man. » DEADPOOL

Au cinéma, la carrière de Deadpool est marquée par son apparition dans X-men Origins : Wolverine, déjà incarné par Ryan Reynolds. Une prestation assez critiquée et pour cause : l'anti-héros hyper bavard s'y retrouve sans bouche suite aux expériences de l'Arme X et n'est plus qu'un simple pantin téléguidé destiné à abattre Wolverine. Il est à se demander si le moindre responsable derrière ce film connaissait vraiment le personnage original avant de l'intégrer à l'histoire, qui ne restera de toute façon définitivement pas comme un bon souvenir.

Ryan Reynolds n'est pas prêt à abandonner le personnage ! Déjà, au début des années 2000, un film sur Deadpool devait être réalisé par David Goyer chez New Line Cinema, l'acteur étant lui aussi dans les starting-blocks pour le rôle. L'homme est, il est vrai, attaché au personnage et affirme même après la sortie de X-men Origins : Wolverine en 2009 sa volonté de l'incarner dans un film plus proche de l'irrévérence des comics.

En 2010, le projet de Deadpool semble compromis à la suite de l'engagement de Ryan Reynolds chez la Warner Bros. après qu'il a été choisi pour jouer Hal Jordan dans le film Green Lantern prévu pour 2011. Finalement le film est un navet, puis il est effacé de toute continuité officielle des adaptations de DC Comics tout comme X-men Origins : Wolverine n'est plus canonique avec grand-chose chez la Fox au vu de ses incohérences avec le reste de la saga. Tout ceci ne semble pas avoir raison de la détermination de Ryan Reynolds de devenir le futur Deadpool.

Dès 2011, la major confie donc le projet à Tim Miller, connu pour avoir déjà travaillé sur les effets spéciaux de X-men, X2 ou encore Daredevil. Son rôle est alors de réaliser une courte vidéo-test sur le héros pour donner un avant-gout du futur film aux responsables du studio. Deadpool y saute dans une voiture en marche, transperce la moitié de ses passagers et fait des blagues : c'est grosso modo l'idée ! La Fox ne sort pas convaincue de l'essai si bien que le projet n'avance plus. Il est possible d'imaginer que le créneau d'ultra-violence tiré des comics et le second degré a effrayé le label. Mais c'est sans compter sur la détermination du public et des fans qui reçoivent la scène sur le net avec, eux, beaucoup d'engouement.

Tim Miller annonce ainsi que le scénario, débuté en 2011 par Rhett Reese et Paul Wernick est terminé. Le duo de scénariste se connaît bien, ils ont déjà travaillés ensemble sur Zombieland et sur G.I. Joe : Retaliation, des films qui correspondent bien à ce que sera le futur Deadpool.

C’est donc à reculons que la Fox a donné son feu vert à Deadpool pour une sortie en 2016 avec un petit budget d’environ 50.000.000$. Une maigre somme pour un film de super-héros, quand on voit les moyens déboursés par le studio pour les autres franchises.

Ryan Reynolds est totalement indissociable de la version cinématographique de Deadpool. Par son implication d’une part, mais surtout par son humour sarcastique et sa personnalité, naturellement très proche de celle du mercenaire cabotin. La caractéristique majeure de Deadpool est en effet de débiter non-stop des commentaires déplacés, des vannes grossières ou d’insolentes diatribes interminables. Et Reynolds possède justement un talent naturel pour la répartie comique et effrontée qu’il met joyeusement au service du film.

Ryan Reynolds a de plus fait ses débuts dans l’improvisation, une arme essentielle qu’il exploite avec entrain pour interpréter son alter-ego masqué. Il a d’ailleurs organisé très tôt une relecture du scénario avec le reste du casting en sollicitant de leur part un maximum d’improvisation. Et enfin, Reynolds profite et utilise à pleine mesure l’aspect méta de son personnage. Comme une forme de thérapie par le rire, l’acteur se moque allègrement des aléas de sa filmographie et prend un malin plaisir à jouer de son image de playboy. Il passe d’ailleurs une bonne partie du film avec le visage affreusement défiguré de son personnage. Un maquillage effroyablement réussi de Bill Corso.

Morena Baccarin incarne assez bien la compagne du mercenaire, échappant d'abord aux clichés avant, hélas, de revenir dans le rang. Mais elle ne souffre pas trop du one man show de Reynolds, tout comme T.J. Miller, qui s'avère efficace dans son rôle de sidekick explicitement désigné pour faire avancer l'histoire.

De son côté, Ed Skrein se sert de son brutal charisme britannique et assume sa réputation de Jason Statham par intérim : le résultat est loin d'être impressionnant et donne naissance à nouveau vilain aussi vite vu aussi vite oublié, sans être détestable tout comme l’impressionnante Gina Carano qui incarne sa femme de main : Angel Dust.

Enfin, on attendra d'en voir un peu plus pour Brianna Hildebrand en Negasonic Teenage Warhead et Stefan Kapicic en Colossus (Daniel Cudmore ne reprenant pas le rôle qu’il avait dans les précédents films X-men), les deux seuls X-Men de la bande étant trop en retrait pour être jugés plus amplement.

Petit cameo habituel de Stan Lee lors de la scène dans le club de striptease et cameo de Rob Liefeld, co-créateur du personnage de Deadpool avec Fabian Nicieza.

Comme la majorité des nouvelles franchises de super-héros, Deadpool a le droit au traitement complet de l'origin story, en nous présentant l’histoire de Wade Wilson, son quotidien de mercenaire, sa vie amoureuse, son cancer, puis sa transformation en Deadpool et comment il obtint ses pouvoirs, son alias, son costume, ses ennemis, etc…

Des ficelles déjà tellement usées qu’on n’échappe pas à la pesante sensation de déjà-vu. Pourtant, et heureusement, les scénaristes multiplient les efforts et profitent de la singularité de l’anti-héros irrévérencieux pour alléger au mieux cet exercice quasi obligatoire pour le genre. Grâce à l’humour méta propre au mercenaire qui transgresse le quatrième mur à volonté, les flashback s’enchaînent de façon peu orthodoxe, mais originale. Deadpool enfreint allègrement les règles de continuité temporelle, cassant ainsi selon lui quatre murs au carré.

Côté musique, Junkie XL signe une bande originale électro qui peine à se faire entendre au milieu des balles. Bonne chance à ceux qui essayeront de fredonner le thème principal (d’ailleurs, y en a-t-il un ?). En revanche, on retrouve avec plaisir les morceaux qui ont marqué la promotion et les bandes annonces.

Bien rythmé, dynamique, on ne s'ennuie pas une seconde devant ce Deadpool, qui, en outre, regorge d'idées de mise en scène originales, à l'instar de la romance atypique foutrement bien amenée, restant constamment dans la dérision, même dans les pires moments. Tim Miller frappe très fort pour son premier film. Vivement la suite des aventures rocambolesques de ce mercenaire excessivement attachant.

StevenBen
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le 6 juil. 2024

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Steven Benard

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