Deadpool & Wolverine : ou comment rendre le méta artificiel.Il est certain qu'avec un super-héros aussi marginal, irrévérencieux et décalé que Deadpool, Marvel Disney, qui a récupéré ce personnage via le rachat de la Fox, dispose d'une sacrée opportunité pour créer un "contenu" à l'image de son protagoniste. Et clairement, ils ne s'en sont pas privés.
Le terme "contenu", ici choisi délibérément, est au cœur du problème.
Comme à son habitude, Marvel Disney nous livre une histoire prétexte, car il faut bien raconter quelque chose, mais encore faut-il y croire...
Et ce n'est pas la scène d'introduction à la TVA, censée exposer les enjeux, qui va nous y aider. Celle où tout le monde parle mais personne ne s'écoute.
Alors oui, on peut admettre que Deadpool soit une tête brûlée (sans jeu de mots), mais les enjeux paraissent tellement artificiels qu'il est difficile de se sentir investi dans ce qui se passe sous nos yeux.
Il est triste de voir que l'univers de Loki (la seule véritable œuvre de Marvel de ces six dernières années à valoir le coup d'œil) soit réduit à un terrain de jeu vide, à l'image d'un scénario qui l'est tout autant.
C'est surtout le discours, qui nous est martelé tout au long de ce qui voudrait être un film, qui cherche à nous marquer.
Et Marvel Disney n'a pas raté l'occasion, à un moment difficile de son histoire, et cela grâce à son serviteur Deadpool, de nous présenter une sorte de testament de son aveu d'échec. Non sans auto-dérision. Cela en grattant encore plus profondément dans les entrailles de nos souvenirs de films super-héroïques.
L'effet de nostalgie est clairement présent et, par moments, cela fonctionne, au point même de le transcender. Et elle n'est pas utilisée de manière aussi lourde que dans Spider-Man: No Way Home, imbattable dans sa catégorie.
L'un de ces moments m'a même fait me redresser dans mon siège, celui qui sera toujours l'unique, comme il le dit si bien au début d'une bataille.
Faisant un pied de nez au projet Blade qui attend désespérément de sortir.
Mais à force d'aligner les caméos de la plupart des films d'une génération perdue de la 20th Century Fox, déjà spoilés dans la bande-annonce pour certains, sans réel intérêt ni véritable enjeu, cela ressemble plus à un parc à thème d'une autre époque avec du budget qu'à un film, n'en déplaise à Scorsese.
La plupart des blagues font mouche, et l'humour reste aussi corrosif, mais cette sensation d'avoir Marvel Disney qui te tient la main et te dit : "Tu vois, je sais que ce n'est pas ouf ce que je fais, mais tu as vu, je t'ai ramené tous tes vieux copains !" persiste.
Cela en revient à parodier son côté méta, et le film est tellement conscient de sa place dans l'univers actuel du MCU qu'il en joue continuellement, sans originalité.
Deadpool devient plus un porte-voix au service de son propre film et perd de son intérêt, malgré des blagues bien trouvées.
Et ce n'est pas le jeu des acteurs qui va aider, en raison d'un manque total de développement de la plupart des personnages.
Encore faudrait-il que les acteurs se sentent investis dans leurs rôles. Heureusement, pour certains, ils portent un masque...Il est triste de voir Hugh Jackman, après une fin de son personnage aussi belle, réduit à des pitreries, perdant ainsi son côté épique. Bien qu'on soit dans une comédie d'action, et même s'il s'en sort avec les honneurs grâce à son talent, cela reste regrettable.La playlist reste toujours efficace et même surprenante, n'en déplaise au générique du début, ce qui est devenu rare dans le MCU.
Le visionnage est resté agréable, mais beaucoup trop hypocrite à mon goût.