Arrivé dans nos salles en cette fin d'année, The Substance, de par ce qu'il annonçait, était plus qu'une grande attente, notamment après les premiers retours cannois qui évoquaient un film percutant.


Le concept est simple : un liquide permettant à celui qui l'utilise de faire émerger une meilleure version de lui-même. Dans un monde structuré par l'image et le paraître, où l'attention s'amenuise avec l'âge, quelle promesse pourrait être plus séduisante ?


C'est ainsi que Coralie Fargeat, à travers ses questionnements personnels, nous offre une fable sur une actrice perdue dans les limbes de sa célébrité. La peur que la réalisatrice a pu ressentir transparaît dans cette œuvre, qui nous emporte à coups de seringue dans un film d'horreur marquant. Une horreur qui s'ancre dans le body horror, s'installant lentement mais crescendo, jusqu'à donner la sensation de ne jamais atteindre de limites.


Demi Moore et son "Double Parfait", interprété par Margaret Qualley, jouent leurs rôles sans concession et livrent des prestations très convaincantes. Mention spéciale à Demi Moore, habitée par un rôle qui reflète ce qu'Hollywood a voulu faire d'elle. Elle propose ici la descente aux enfers d'une actrice victime d'elle-même, à travers les thématiques explorées par le film. Elle y offre l'une des meilleures performances de sa carrière.


Le rythme du film ne laisse aucun temps mort, chaque phase creuse davantage dans le tragique destin d'Elisabeth (Demi Moore), tout en accentuant le fossé qui la sépare de Sue (Margaret Qualley), dont l'ascension est fulgurante.


On pourrait accuser Coralie Fargeat de s’inspirer de Kubrick, notamment dans des visuels qui rappellent forcément Shining. On pourrait aussi penser à La Mouche de Cronenberg dans son usage du body horror. Mais rien n'est gratuit : ces références servent pleinement le propos du film et renforcent les émotions qu'il cherche à transmettre.


Le final se révèle aussi poétique qu'extrêmement marquant. La réalisatrice va au bout de son concept et assume un côté burlesque qui apporte une réponse singulière à tout le mal vécu par l’antagoniste. Ce choix, appuyé par une abondance d’hémoglobine, pourrait dérouter certains spectateurs. Pour ma part, cela a parfaitement fonctionné, notamment grâce aux choix musicaux.


L'utilisation de "Also sprach Zarathustra" apporte une vision singulière de ce que pourrait être l'évolution humaine aujourd'hui, bien différente de celle de 2001 : l’Odyssée de l’espace. La mise en scène, riche en symboles, parvient à être à la fois esthétique et grotesque. Dans un film, où la monstruosité n'a jamais été aussi belle.


NathanBillet-Ga
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le 26 déc. 2024

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