Deadpool vs Wolverine : L’Épitaphe des papys en lycra

Attention, cette critique contient des poils et des spoils


Ma vie de super-héros cinéphile

Le grand héros cinéphile que je suis avait décroché, usé par trop de combats. Je m'étais exilé loin des salles où, pour la modique somme de deux kebabs, on pouvait avoir le luxe de perdre deux heures de sa vie. Je ne voulais plus retourner dans ces salles obscures, ces black rooms, comme je les appelle, où l'on se fait enfoncer pour 15 balles avec un son trop fort, dans une position inconfortable. Mon anus ne me le permettant plus, je décidais d'arrêter les frais, de remballer ma cagoule de super-cinéphile et de cesser d'avoir foi en l'humanité.


Puis, un jour, le devoir m'appela. Un pote m'appela et dit : "Mec, j'ai des places pour Deadpool vs Wolverine." Je lui répondis : "Non, j'ai décroché, Bryan." Il répliqua : "Allez, je te paie une bière." Je me retrouvai donc devant le cinéma pour une bière gratuite : que voulez-vous, je ne suis pas un mercenaire aux services très onéreux.


C’était une nuit sombre, où la pluie battait sur les trottoirs, transformant la ville en un labyrinthe de reflets et de lumière. Je me tenais devant l’entrée du cinéma, prêt à affronter un nouvel ennemi, un redoutable adversaire : Deadpool vs Wolverine. Le titre résonnait comme un défi, une ultime bataille entre les légendes du grand écran. Mais ce que je ne savais pas encore, c’est que cette mission serait bien plus dangereuse que je ne l’avais imaginé.


En franchissant les portes de la salle obscure, je savais que ce ne serait pas une simple séance. Ce serait une épreuve de résistance mentale, un combat pour la survie du bon goût face à un scénario en roue libre, parce que oui, le cinéma de super-héros est un cinéma de beauf, et oui, les bons films de super-héros sont aussi rares qu’une série Netflix qui ne te fait pas te demander pourquoi tu paies encore cet abonnement.


Les premiers éclats de lumière ont jailli de l’écran, et j’ai senti le piège se refermer sur moi. Le film débutait, et déjà, les failles du récit commençaient à se dévoiler. Les dialogues claquaient, cinglants et incisifs, mais il manquait quelque chose... Une cohérence, un sens. C’était comme affronter un ennemi qui se bat avec un bras en moins, mais qui, par pure folie, continue d’avancer, ignorant ses propres blessures, une sorte de Wolverine manchot...

Non, je ne voulais pas encore voir Hugh Jackman mal mis en scène dans un cinéma hollywoodien découpé maladroitement dans une série de clips épileptiques. Les films X-Men hantent encore mes cauchemars, et mon anus peine encore à cicatriser de cette double décennie de films Marvel qui ont été très mauvais. Il me manque ce pouvoir de régénération anale.


Le scénario : mon ennemi de toujours

Mais comme j'ai un cerveau en adamantium, j’absorbais le récit et les images, faisant fi de ma douleur anale. Le scénario se la joue introspectif, comme un écrivain en crise qui vous explique pourquoi il est si difficile de créer après la gloire passée. C'est comme si le film était un pamphlet désespéré sur les difficultés de scénariser des super-héros après leur âge d’or, tout en s’efforçant d’être le dernier super-héros encore debout dans une mer de clichés. C’est un hommage posthume et un peu maladroit. On est sur le testament créatif du film de super-héros, tout a été dit, on sait que le genre meurt, à défaut de dire les choses, on préfère les montrer, à travers une myriade de détails faits pour les fans et au bris du quatrième mur.

Ce n'est pas si mal, mais ça ne vole jamais haut. C'est aussi malin que franchement stupide. Que voulez-vous, on a l'hommage posthume qu'on mérite.


Les dialogues m'ont redonné foi

Et si le discours méta est plus ou moins maîtrisé, c'est au détriment du scénario lui-même. On rafistole la suite des événements à grands coups de multivers et de blagues qui désengagent l'action. Et dans cette salle de cinéma, ou devrais-je dire ce champ de bataille, mon esprit luttait pour trouver la logique, pour donner un sens à ce dédale narratif, mais en vain. Comme un guerrier face à une hydre, chaque tentative d’espoir se voyait tranchée par une nouvelle incohérence.

Et pourtant, à travers les ténèbres du chaos scénaristique, une lueur subsistait. Deadpool, fidèle à lui-même, crachait des répliques aussi tranchantes que les griffes de Wolverine. Hugh Jackman, tel un chevalier usé par les batailles, combattait pour donner de la dignité à ce qui semblait être sa dernière croisade. Leurs performances étaient des boucliers, protégeant les spectateurs des pires assauts d’un scénario qui avait oublié la route vers la grandeur.


Action et Décors : Un cauchemar inattendu quoique…

Mais l’air devenait de plus en plus rare dans cette salle de cinéma. Les plans serrés étouffaient la tension, les décors en carton-pâte m’encerclaient comme une forteresse de pacotille. Je sentais mes forces diminuer, mais je tenais bon.

L’action est aussi fluide qu’une crise cardiaque, et les décors étaient à peine plus convaincants qu’un diorama de classe. Les plans serrés, au lieu de nous plonger dans l’intensité des combats, nous donnaient l’impression de regarder un film de super-héros à travers le viseur de Hawkeye.

En même temps, c'est Deadpool, et on a toujours senti que dans les films mettant en scène le mec à capuche rouge, on avait que de petits décors assez étouffants et très peu de diversité. Donc je m'attendais à ce genre d'écueil pour ce film.


Un Combat de Trop : La fin qui plonge le couteau dans la plaie

La bataille épique entre Deadpool et Wolverine touche à sa fin. Et là, juste avant le coup de grâce, une scène étrange surgit comme un pop-up indésirable : une armée de Deadpools débarque. On se dit que ça va être le chaos total, un truc déjanté comme seuls ces deux-là pourraient nous offrir. Mais non, en quelques coups de griffes et de katanas bien placés, ils sont tous éliminés aussi facilement qu'une invasion de moucherons un soir d'été. Ça sent la grosse blague… et la déception aussi.


Puis, on arrive à la scène finale, un clin d'œil à Guardians of the Galaxy, le pouvoir de l'union de l'amitié virile. Là, les scénaristes sortent le grand jeu : une parodie des clichés des films de super-héros. Sauf qu’au lieu d’être un hommage intelligent ou une satire percutante, ça ressemble plus à un aveu d’échec : "On n'a plus rien de nouveau à dire, alors on va juste refaire les mêmes putains de scènes, encore et toujours."


C’est frustrant, parce qu’on sent bien qu’ils essaient de se moquer du genre tout en prétendant lui rendre hommage. Mais en réalité, ils ne font que servir la même soupe réchauffée. On espérait un dernier twist génial, quelque chose qui bouscule un peu l'ordre établi, mais on se retrouve avec une fin qui ronronne au lieu de rugir.


En fin de compte, le film n'est pas mauvais, loin de là. Il est divertissant, les dialogues claquent, l'action est bien rythmée, et Hugh Jackman est toujours impeccable en Wolverine. Oserai-je dire qu'il est dans son beau costume l'un des meilleurs Wolverine apparus dans un film. Mais au lieu d'être un souffle d'air frais dans le paysage des films de super-héros, le film finit par être exactement ce qu'on attendait de ce genre de production : un peu trop prévisible, un peu trop fan-service, et un peu trop content de servir la même bouillie.


Conclusion : Mission accomplie, ou presque

En tant que super-héros cinéphile, j'avais rempli ma mission. J'avais affronté et vaincu l'épreuve du grand écran, traversant les méandres d'un scénario imprévisible mais pas inoubliable. Assis au bar, une bière à la main, je savourais le goût de la victoire. Le film avait été divertissant, suffisamment pour m’arracher quelques rires. Mon anus, lui, avait tout l'avenir devant lui pour cicatriser.


Je quittai le bar, l’esprit encore embrumé par les bières enchaînées au fil de la soirée. Les rues étaient désertes, et mes pas me conduisirent jusqu'au vieux cimetière du coin. Là, entre deux allées sombres, une tombe attira mon attention. Gravée dans la pierre, je distinguai les lettres MCU. Intrigué, je m'approchai et grattai la mousse recouvrant l’épitaphe.

Les dates se révélèrent : "2000 - 2024 de xmen à deadpool 3"

"Là reposent les super-héros : Nés dans la gloire, morts d'épuisement"

Un bref instant de silence, puis, sans réfléchir, j'ouvris ma braguette et pissai dessus.

Je ne regrette rien. Les super-héros avaient eu l'hommage qu'ils méritaient.

Adieu gros bras et méritocrates en lycra


Kinzoku
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le 14 août 2024

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