A history of violence
Le vigilante movie est-il un genre désuet et / ou passé de mode ? Au cinéma, en tout cas, il n'y a plus grand chose à se mettre sous la dent : A Vif ? Death Sentence ? Homefront peut être ? Et depuis...
le 10 mai 2018
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Paul Kersey,brillant chirurgien,doit un soir se rendre en urgence à l'hôpital pour opérer.Pas de bol,il habite à Chicago,la ville la plus criminogène du Monde après Marseille.Encore moins de bol,c'est le moment que choisissent trois cambrioleurs pour se pointer dans la belle baraque du toubib.Comble du pas de bol,la femme et la fille de Kersey sont à la maison et tentent de résister aux agresseurs.Résultat des courses,maman est tuée et fifille se retrouve dans le coma.Après avoir récupéré du choc et compris que la police ne choperait jamais les coupables,le paisible praticien se procure une arme et part dans les rues dégommer du truand.Le déferlement de remakes ne s'arrête jamais et la réussite n'est pas souvent au rendez-vous.Là,c'est "Un justicier dans la ville" de Michael Winner,sorti en 74,qui passe à la moulinette révisionniste.Au vu du pedigree des auteurs,on pouvait espérer du hardcore mais on est bien déçus.C'est Eli Roth,le mec qui a fait "Hostel",un spécialiste de l'horreur gore,qui réalise tandis que le scénario est signé Joe Carnahan,le réalisateur de "Narc" ou "Mise à prix",qui devait au départ shooter ce film.Tout ça pour aboutir à ce thriller mou du genou qui met un temps fou à démarrer.Ca se met à bouger un peu quand Kersey se décide enfin à aller faire du ménage dans la rue mais même là les scènes violentes sont dispersées au milieu d'un blabla psychologisant des plus pénibles.Sans parler des coups de chance à répétition d'un héros qui s'y prend affreusement mal mais parvient quand même à étaler les criminels sans se faire choper,probablement afin de rééquilibrer par rapport à la poisse du début de l'histoire.Quoi qu'il en soit,sa manière de se sortir des situations périlleuses est généralement plutôt comique,ce qui n'était sûrement pas le but recherché.Des différences avec l'original,tiré du même roman de Brian Garfield,apparaissent de manière à ne pas trop plagier.Ainsi l'action a été transportée de New York à Chicago,Kersey est docteur au lieu d'être architecte et le personnage de Frank,le frère de Paul,est créé sans que ça n'apporte rien au film alors qu'il aurait pu peser sur les évènements.Il aurait par exemple été intéressant d'en faire le commanditaire du casse car on nous présente un personnage fauché obligé de taper de l'oseille à son frangin.Au petit jeu des comparaisons,celui-ci sombre totalement au regard de la version 74.Déjà Bruce Willis,complètement ramolli,est trop vieux pour le rôle.Il a 63 ans et parait plus alors que Bronson en avait 53.Et puis on ne retrouve à aucun moment la rigueur de la réalisation,du montage et du scénario du Winner,qui dégageait une noirceur absolue et une tension constante assorties d'une froide cruauté bien absente de ce gentil navet pour bouffeurs de popcorn.Il est vrai qu'on ne peut plus aujourd'hui sortir un film comme "Un justicier dans la ville",effroyablement incorrect politiquement et délibérément pro auto-justice,auto-défense et port d'armes.On ne cherchait pas d'excuse ou de justification à l'époque et on n'hésitait pas à tailler dans le vif du sujet de façon réactionnaire.Ici,on sent bien les auteurs gênés aux entournures et essayant désespérément de tortiller du cul pour chier droit.C'est qu'on voudrait bien surfer sur la vague de la révolte populaire face à la criminalité,tout en évitant les foudres de la censure bien-pensante,grand écart ô combien compliqué.Du coup,Roth et Carnahan édulcorent l'intrigue en évacuant notamment le viol initial montré en 74 et en faisant de Kersey un type indécis qui se pose des questions quant au bien-fondé de sa croisade.Après avoir cependant prôné la justice individuelle pendant la plus grosse partie du film,la fin rattrape le coup et on change son gun d'épaule pour terminer par de la morale repentante propre à satisfaire la bisounourserie.Chicago est devenu un paradis sécurisé où la criminalité a disparu,on n'a plus besoin de nettoyeurs,Kersey a remisé ses flingues dans la buanderie et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes,alleluia mes frères!La vérité est évidemment toute autre et il est certain que dans ce joli monde progressiste où ne progresse réellement que l'insécurité savamment entretenue par une justice gauchisée et une police démotivée aux ordres de politiciens lâches et corrompus,l'auto-défense est et deviendra de plus en plus la seule solution pour éviter de se faire massacrer par une racaille ambiante dont les effectifs ne pourront que croître au rythme des crises économiques de plus en plus graves.Mais ça on pouvait le dire en 74 alors que la situation était beaucoup moins préoccupante même si ça merdait déjà pas mal,mais on n'a plus le droit de l'exprimer en ces heureux temps de liberté d'expression virtuelle.Le casting semble brillant vu de loin mais faut pas trop s'approcher car on s'aperçoit alors que Willis n'est qu'une star démonétisée maintenant abonnée aux DTV bas de gamme.Quant aux seconds rôles,ils ont eu leur heure de gloire mais elle est lointaine et ces comédiens émargent plus souvent dans les séries télé qu'au cinéma.C'est le cas de Vincent d'Onofrio de "New York,section criminelle",Dean Norris de "Breaking bad",Elisabeth Shue vue dans "Les experts" ou Kimberly Elise,procureur dans "Close to home".Aucun de ces acteurs n'est ici véritablement convaincant,et surtout pas un Bruce particulièrement endormi.
Créée
le 16 nov. 2020
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