Le genre du "film catastrophe", le vrai, pas les absurdités de Mr. Emmerich, semblant depuis longtemps passé de mode, on se rend avec un certain niveau d'attente (déraisonnable) au rendez-vous fixé par Peter Berg, qui veut nous conter l'édifiante histoire de la catastrophe de la plate-forme pétrolière BP dans le Golfe du Mexique. Dès le début, passée une introduction sommaire de deux personnages, on comprend que Berg nous la joue sérieux, et politique : si le jargon technique peut dérouter, il est indéniable que l'exposition des problèmes de la plate-forme et du forage, ainsi que de l'opposition (un tantinet manichéenne) entre vision "corporate" et compétences professionnelles (Kurt Russell et John Malkovich dans un duel de géants, jouissif !) est percutante, intense, presque passionnante. C'est malheureusement lorsque la catastrophe éclate que le film se perd dans une confusion qui résulte plus du manque d'idées de mise en scène que d'un portrait fidèle de la panique (réelle et logique) qui régna alors sur la plate-forme. Tout s'enflamme, tout explose, mais le spectateur s'ennuie poliment pendant que Wahlberg joue au héros américain : soit il n'y a rien à raconter tant le désastre est intégral, anihilant tout suspense, soit Berg n'a aucune idée sur comment élever son film à la dimension supérieure (celle du "mythe")... probablement un peu des deux. Après trois quart d'heures de n'importe quoi (on a quand même droit à une édifiante scène de prière collective !), "Deepwater" retombe miraculeusement sur ses pieds grâce à de courtes scènes intenses, montrant les ravages "psychologiques" de la catastrophe sur les survivants. Rien par contre sur le désastre écologique sans précédent qui s'ensuivit, ce qui ne laisse pas d'être gênant, quand même. [Critique écrite en 2016]