C'était en 2010. Deepwater Horizon (Dipouateure Oraïllzaune pour les anglovers) plate-forme pétrolière sous pavillon US faisait booom et du bruit dans la presse. Suite à l'accident, qui coûta la vie de 11 membres du personnel, environ 835.500 tonnes d'hydrocarbure furent répandues dans le golf du Mexique. Quelques 6 années plus tard, Un tribunal de Louisiane a rendu le verdict : 20 milliards de billets vert d'amende en poudre pour le fautif, la société BP ( Buritos Proctologeum... ou British Petroleum je ne sais plus).
Hollywood a donc attendu que le verdict tombe pour se lancer dans la production d'un film relatant la catastrophe. Et qui de mieux pour filmer la destruction d'une station off-shore qu'un spécialiste du naufrage, j'ai nommé Peter Battleship, seul capable de ramener tout le monde sur la Berge. Cette belle aventure humaine débute donc au domicile de Mark Wahlberge, arborant une magnifique ceinture abdominale briochée, enviée jalousement par Ronaldo, grand adorateur de produits laitiers normands (spéciale dédicace pour toi Smile). Mark aime sa femme, Mark aime sa fille, Mark est ingénieur, Mark est un américain moyen avec un profond sens moral. Mais pourquoi ne pas prendre Tom Hanks pour jouer le rôle de Mike Williams me direz-vous, lui l'incarnation ultime de l'américain moyen. Car depuis Seul au monde, Tom ne supporte plus les naufrages. Pire, il a depuis échoué en tant que capitaine de navire (Captain Phillips) et d'avion de ligne (Captain Sully) et il connaît trop ce sentiment d'être entre deux Berg... ou berges, je ne sais plus.
On se retrouve alors sur la plate-forme avec une belle brochette d'acteurs qui n'attend que la première étincelle. Il faut dire une fois encore que le casting invite à l'embrasement. Quand on sait que le responsable de Deepwater n'est autre que Kurt « Backdraft » Russel et qu'en face il doit négocier avec John « Valmont » Malkovich, on se doute que les liaisons seront au minimum dangereuses. Berg fait graviter tout son petit personnel autour du puit central et moi, j'attends patiemment que ça pète. Pour faire monter la pression, les personnages échangent des lignes de dialogues écrites au trépan. On découvre la profonde complexité de l'âme humaine, de la mécanique des fluides et du capitalisme grâce à une bouteille de Coca, les sourcils froncés de John Malkovich et des employés BP forcément méchants. Dans le désordre.
A l'instar de tout film catastrophe made in Hollywood, les protagonistes sont présentés dans leur quotidien, sans filtre, sans background, sans éléments introductifs. Le procédé est censé installer un semblant de complicité, voire d'intimité, afin que le spectateur puisse s'identifier aux différents personnages, au moins à un. Même si la technique est grossière, elle a déjà fait ses preuves par le passé. Dans Deepwater, elle a le mérite de survoler un grand nombre de personnages, ce qui évite les lourdeurs mais anesthésie toute empathie. Dès que la plate-forme en vient à éructer et vomir sa rage, je vois tomber les pétroleurs sans réelles émotions. Comme souvent, le plaisir vient de ce savoir-faire ricain dans la démesure. L'action est filmée avec efficacité et le rythme général n'est jamais pris en défaut. Malgré le manque de nuance affiché, l'emploi de scènes à la morale gerbante ou à l’héroïsme américano-ricain (le gars qui se sacrifie en remontant dans la grue... on dirait presque du Roland Emmerich) le spectacle reste divertissant dans les canons du genre. Évidement, j'aurais tant aimé quelques encarts techniques, juridiques et politiques, mais Berg n'est pas Stone.
En choisissant de se concentrer uniquement sur les quelques heures qui ont fait l'essentiel de la catastrophe, Berg propose un film de pur divertissement, balayant au passage tout questionnement et implication intellectuel du spectateur. Forant à plus de 5000m de profondeur, Deepwater n'est pourtant jamais profond et ne fait qu'effleurer la surface des faits. Dommage, il faudra mettre le cap sur un livre ou un documentaire pour combler cette lagune, ou lacune, je ne sais plus.