Il faut Defendor ce film.
En lisant le synopsis de ce film, votre inconscient, ce coquinou, vous susurre à l'oreille: "Kick-ass" de Vaughn pour les ados, "Super" de Gunn pour les déviants... qu'est-ce qu'il peut avoir de plus, celui-là?"
En effet, vous êtes en droit de vous poser la question. Les anti-héros sont à la mode en ce début de 21ème siècle, et les anti-super héros arrivent logiquement en réponse à la ribambelle de films Marvel et DC, qui déferlent dans les salles en quasi continuité depuis 2002.
Les plus remarqués sont "Kick-ass", adaptation aseptisée et un peu stupide de la BD originelle, déformant complètement son propos. Je le considère comme un défouloir qui, une fois le cerveau débranché, peut être fort amusant.
Et puis, un peu plus dans l'ombre, il y a Super, film avec des acteurs connus mais tourné avec un tout petit budget, en mode amateur. Film que je trouve génial à titre personnel. Il faudra que j'en parle.
Alors, n'écoutez pas votre inconscient, ce gros prétentieux, écoutez-moi à la place.
Assimiler "Defendor" à "Kick-Ass" serait une erreur de jugement hâtif. C'est bien à "Super" qu'on peut le comparer; on y retrouve un peu le même fond: le "héros" est vraiment dérangé, et sa vision des choses très manichéenne.
SAUF QUE! C'est sûrement le seul point commun qu'on peut trouver entre les deux films.
Et c'est à ce moment, que, exaspéré, vous allez gentiment me dire: "MAIS TU VAS PARLER DU FILM, OUI? JE M'EN FOUS DE SUPER, JE VEUX TON AVIS SUR DEFENDOR, BORDEL!"
Eh, oh, pas la peine de me parler comme ça! J'y viens! Ce que vous êtes malpoli...
Après avoir vu la bande annonce, je m'attendais à voir un film comique. Il n'en est rien. C'est pour cela qu'il se distingue entièrement de tous les films qu'il pourrait évoquer. C'est pour ça que même la comparaison avec Super est fausse et que je tenais à le souligner.
Ce film est DRAMATIQUE. Oui, messieurs dames, c'est le mot.
Defendor, c'est l'histoire d'un homme intellectuellement limité. On ne sait pas si c'est dû au traumatisme qu'il a subi gamin, ou si c'est de naissance. En tout cas, il a la mentalité d'un enfant. Son attitude a tout de l'autisme.
Enfermé dans son monde, il n'a qu'une obsession: combattre le "Captain industry" qui lui a pris sa mère.
La détresse de ce personnage est si forte qu'elle en devient oppressante. Il ne vit que pour appliquer sa vision -très premier degré- de la justice, avec des gadgets qu'il fabrique à partir de trois fois rien.
Et il est tellement taré qu'il tient tête aux mafieux qu'il agresse, tant ceux-ci sont consternés par ce fou furieux.
La police ne sait que faire de cet homme, qui n'a pas l'air si dangereux.
Le rapport avec la prostituée est également très intriguant. On ne sait jamais à quoi s'en tenir, et je pense que c'est le but.
[SPOILER] J'avoue avoir pleuré à la fin. Si si, je vous assure! c'est peut-être pas très viril, mais c'est ainsi. Et s'il y a bien un film devant lequel je n'aurai jamais cru pleurer, c'est celui-ci. Malgré la tournure sinistre et réaliste qui imprègne tout le film, je ne m'attendais pas à ce que le héros meure. C'est à sa mort qu'on découvre que finalement, la prostituée tenait à lui.[FIN SPOILER]
Je réalise que cette critique n'est qu'un amas de paragraphes insipides. Pour être honnête, je n'arrive pas à vous retranscrire ce que je ressens pour ce film.
Je trouve injuste qu'on le compare aux autres satires de super héros. À mon sens, non content de se démarquer du phénomène, il est intelligent, touchant et terriblement triste.
Pour finir, j'ajouterais que Woody Harrelson est exceptionnel dans ce rôle. C'est vrai qu'il à l'habitude de jouer des détraqués du ciboulot, mais là... Il est grandiose. Il y a, dans ses yeux, sa gestuelle, sa voix, la sincérité d'un acteur complètement effacé derrière son personnage.
Je suis mécontent de ma critique. Elle est trop longue, décousue et ne dit rien d'intéressant, mais je la publie quand même parce que, bon sang, ce film... Je l'aime.
Quant à mon titre... Avouez qu'on peut difficilement faire pire.