"There Goes My Hero, He's Ordinary"
Au risque d'ériger d'effroi certains membres, ce n'est qu'en quittant ''Defendor'' que j'ai réalisé à quel point Woody Harrelson est un putain d'acteur !
Depuis une vingtaine d'années, son CV se crible de rôles qu'il transcende par un charisme rare et puissant. Particulièrement au service d'Oliver Stone dans sa fable cocaïnée ''Natural Born Killers'', en magnat priapique de la presse de fesse pour le ''Larry Flint'' de Milos Forman, fonsdé H24 dans le très colorié ''A Scanner Darkly'' (aux côtés de Winona Ryder, l'enfoiré !...) jusqu'au récent ''7 Psychopaths'' où il excelle en mafieux sanguinaire mais malade d'amour pour son caniche ! Du haut de son demi-siècle, le texan peut se targuer d'avoir servi auprès des plus prestigieux généraux modernes du 7ème Art : les Coen, les Farrelly, Stephen Frears, Spike Lee, Levinson, Cimino, Michel Hiveraucul, Schlöndorff ou encore au sein de la troupe des Enfoirés de ''La Ligne Rouge'' de Malick.
Malgré un pédigré aussi classieux, Harrelson n'hésite pas à mouiller le maillot pour patauger dans une prod' moins clinquante comme ''Defendor'' (2010) d'une redoutable finesse.
Dévoilée seulement quelques semaines sur quelques écrans nord-américains, l'unique réalisation à ce jour du canadien Peter Stebbings, eut vite fait de revêtir un boitier DVD pour aller s'exhiber partout ailleurs sur Terre.
Certainement mal vanté ou trop inattendu, '' Defendor'' est un vrai-faux film de super-hero abordé sous une frange dramatique proche de Night M. Shamalamalayalayan et son ''Unbreakable'' : point de super-pouvoirs, de riches surenchères numériques ébouriffantes ou de montage épileptique.
Personne ne doit savoir que sous le sombre masque peinturluré de Defendor se cache Arthur Poppington, un enfant de 6 ans réfugié dans le corps d'un homme. Il l'ignore mais il est un cousin de Lenny de ''Des Souris et Des Hommes'', de Pee-Wee et de Tom ''Big'' Hanks. Même si ils l'apprécient les adultes le qualifient de simplet ou disent qu'il a un pète au casque, une case en moins.
Pourtant les cases, il les adore Arthur. Le monde est un comic et ce depuis qu'il a 6 ans depuis 40 ans. Arthur en a marre de l'injustice et des méchants. Il est temps de révéler sa véritable nature et de partir en croisade contre le crime qui sévit à Hammercity.
Comme tous ses collègues, Defendor est doté d'une tenue emblématique : tout de noir moulant vêtu, un ''D'' floqué par trois bandes de scotch orne son torse. En véritable pro, Defendor est bourré de gadgets et d'armes redoutables : un lance-pierre, des billes, un gourdin, des fumigènes, des abeilles et un camescope à K7 rivé sur le casque de bidasse de son papy qui filme en continue ses aventures. Sa piaule, la ''Defendoor'' est sa base secrète et son camion-grue baptisé ''Defendog'', sa ''Batmobile''.
Defendor a un ennemi récurent : Chuck Dooney (Elias Koteas) un flic ripoux à la solde du super-vilain Kristic que Defendor veut anéantir. Ses seuls amis sont Michael Kelly (Paul Carter) son grand-frère improvisé et Kat (Kat Dennings), une pute junkie qui lui rappelle sa mère. Deux autres adultes conciliants gravitent autour de lui : le chef de la Police et sa psy (incarnée par Sandra Oh, le perso le plus haïssable de ''Grey's Anatomy'' !)
Harrelson est épatant dans la peau d'Arthur car c'est tout en nuances qu'il interprète ce personnage naïf. Evitant un acting outrancier, il reste crédible et véritablement touchant de bout en bout.
Le scénario jongle habilement jusqu'au bout entre les codes propres aux super-heroes et l'univers phantasmé et romantique d'Arthur confronté au réalisme d'un monde jonché de drogue, de sexe et de violence. Bien que parsemé d'un humour tendre, le film baigne dans un climat sombre à la Batman, dopant ainsi la réalisation appliquée et efficace de Peter Stebbings.
Coup d'essai, coup de maitre !