Defendor - héros ou zéro par Clément Poursain
*this review may contain a few spoilers, especially in the end*
Je ne vais rien vous apprendre, les super héros sont à la mode. Le meilleur moyen de se démarquer aujourd'hui est donc de donner dans le superhéro sans vraiment que c'en soit. Comment? En humanisant le propos, en faisant de l'icône mythique un "super anti héro". Désacraliser les demi-dieux pour en faire des héros plus fragiles, les réalisateurs savent le faire, en allant piocher dans les comics novateurs des Watchmen, ou plus récemment de Kick Ass.
Defendor reprend d'ailleurs la même recette que Kick Ass, à savoir un homme, tout ce qu'il y a de plus commun se prenant pour un superhéro, et avec la fâcheuse manie de s'en prendre plein la gueule.
Woody Harrelson est excellent dans son rôle de simplet traumatisé par une enfance pas facile facile avec papy -vu que maman est partie se droguer pour supporter le trottoir ou partie faire le trottoir pour sa dose, au choix, et n'est jamais revenue- et il parvient à se créer un personnage à la fois touchant et pathétique. Tous les codes de l'héroisme en spandex sont ici adaptés, la Batcave devenant un entrepôt squatté, les gadgets sophistiqués de l'homme chauve-souris devenant des billes, quelques abeilles et un gros gourdin.
Defendor s'est fixé un objectif, défoncer Captain Industry. Un adversaire abstrait, diffus, une chimère d'enfant, Defendor lui-même n'ayant aucune idée de qui peut être ce SuperVillain.
Malheureusement, quand on est un pauvre /retard/ bossant pour la DDE, on s'attire quelques problèmes, surtout quand on s'attaque à des flics pourris et à un gang de bikers multi-ethniques soit, mais plutôt revêches.
Plus ou moins aidé dans sa tâche par une jeune prostituée ÷÷EPIC BOOBZ ALERT÷÷ au regard de louve et incarnée par Kat Dennings, Defendor, entre deux côtes cassées, va essayer de mener à bien sa mission (à savoir faire tomber le chef des Pimp/Dealer/Gun Smugglers de la ville) gêné en cela par les autorités/par son ami au grand cœur/et par sa psychiatre échappée du Seattle Grace Hospital qui l'aiment tous beaucoup mais qui pour différentes raisons préfèreraient voir Defendor ranger son casque et sa massue old-school.
Le film, s'il réfute tout superpouvoir ou force surhumaine, pose néanmoins l'éternelle question posée aux superhéros : doit-on tolérer un vigilante on the loose, un hors-la-loi, aussi héroïque soit-il? Car si Defendor n'a pas de pouvoir, il n'en reste pas moins dangereux, puisque complètement déconnecté de la réalité (il est par exemple persuadé d'être bulletproof). La réponse donnée par le film me semble assez claire : même s'il fini mal, il fini adulé et meurt presque en martyr. Il devient véritablement un héros à travers son sacrifice et on est pas loin de se dire, en regardant défiler le générique, que se faire justice soi-même, après tout, c'est pas si mal. Bon en fait non, mais mettre un spandex et castagner du dealer slovaque c'est un peu un fantasme pour tout le monde. (non?)
Bien plus dramatique que Kick Ass, Defendor peut pécher par quelques longueurs, mais elles sont très vite oubliées au vu de la performance de Woody Harrelson et des lèvres pulpeuses de Kat Dennings.
ps : On appréciera par ailleurs les punchline de Defendor, rauque comme le Dark Knight :
"Look out termites, it's squishing time"
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