Defendor - héros ou zéro par Shortlegg
Il n'est passé dans aucune ou quasiment aucune salle en France, c'est une sortie directe en DVD. Perso, ce détail, ça me refroidit souvent. Alors j'y vais le regard méfiant, me disant que j'assisterais à un de ces films qui brocardent le super héros, le ridiculisent et on verra tous les poncifs du genre tel une sorte de Scary Movie du super héros...
Alors quoi ?
Il n'est pas du tout question de brocarder le super héros. Il n'est en fait pas question de super héros. Qui est Defendor ?
Une mythologie personnelle, un individu qui a besoin de se construire un mythe pour mieux vivre sa vie, pour mieux supporter l'injuste de son parcours, de son passé et de ce qu'il en fera finalement.
Je suis pas certain qu'il soit question de "différence" genre 8ème Jours. Woody Harrelson campe avec finesse et talent, un homme dont on sait bien qu'il ne sera jamais cadre sup, il n'est pas trader, il peine à tenir son boulot mais quoi ? Son rapport au monde ressemble au nôtre...Sa différence tient au passage à l'acte ; là où tout à chacun rêve de sauver la veuve et l'orphelin, là où nous rêvons de revêtir un costume barriolé ou non et d'aller jouer le héros, lui le fait.
Paradoxalement, celui qu'on considère comme incapable, devient capable d'agir là où les "autonomes" ne sont pas ou plus en capacité d'agir.
Le génie de ce film tient au sujet, à la qualité du jeu d'acteur mais aussi d'éviter le piège du film indé engagé qui, poing brandis, va nous enseigner la "bonne" attitude, il évite le piège moralisant, écueil de biens de films à l'ambition noble mais au résultat lourdingue.
C'est un film comme je les aime, humanisant et humaniste. Ouais il balance des billes. Ouais il adore l'effet du taser. Ouais il nous parle d'un quotidien qui n'est pas tout à fait le nôtre mais bon sang qu'il est touchant de vérité, et pas de cette vérité qui tient du pathos, cette vérité qui est intrinsèque à chacun et Defendor nous le rappel avec intelligence et force.