Delicatessen, mine de rien, reste un film controversé, comme l'ensemble des films de Jean-Pierre Jeunet. Les tics du réalisateurs apparaissent, le montage éclectique aussi et l'ambiance particulière surgit.


Delicatessen est un triste récit. Celui de gens incontrôlables dans une crise qui l'est encore plus. On peut imaginer le contexte de la Seconde Guerre Mondiale ou simplement celui d'une période où plus rien n'allait.


Delicatessen, c'est l'histoire d'un Boucher qui devait tuer pour nourrir les autres, un Boucher dont la vie des autres dépendait de lui seul : la forme du tyran quelque part, où les gens dominés n'avaient plus qu'à se morfondre, se reclure tels des escargots ou se cacher, trouver un refuge pour essayer d'y accaparer un peu de plaisir à l'abri.


Delicatessen, c'est aussi la recherche de la poésie dans un monde industrialisé qui n'en a plus. On recherche quelques notes musicales, quelques tics et tacs, on utilise les outils (scie musicale) pour se donner envie de vivre alors que plus rien ne nous retient.


Delicatessen, c'est l'histoire d'un clown qui voulait faire rire les gens avec son singe, le singe était mort, mais l'homme qui lui faisait faire les grimaces était vivant.
L'espace d'un temps, cet homme qui nous paraissait si bizarre devenait l'homme le plus important : recherché par les bandits, aimé par les résidents, l'unique espoir d'un lendemain pour un monde qui allait s'effondrer de toute manière.


Delicatessen, c'est l'histoire d'un monde infernal, d'une folie générale, qui allait renaître sous une autre forme. L'eau se faufile dans les égouts, rase quelques murs et les deux amants s'embrassent.
Les bandits avaient raison, peut être que le monde d'en haut est cruel, mais "la poésie de la terre n'est jamais morte" (John Keats).


Ce petit monde peut enfin cohabiter.
Délicate et Saine nouvelle vie.

Créée

le 31 août 2019

Critique lue 594 fois

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William Carlier

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