Deliver us from Evil est le second film de Hong Won-Chan, scénariste des deux premiers films de Na Hong-Jin. On parle là de The Chaser et The Murderer, quand même.
Mais en tant que réalisateur, il faut croire qu'après sa première réalisation, Office, l'homme ne fait pas montre du même talent pour tenir un stylo que pour porter une caméra.
Un début brouillon
Dans une introduction classique, le personnage joué par Hwang Jung-Min nous est présenté comme un tueur implacable au nom annonciateur d'une mort certaine pour sa cible. Puis, entre la Corée et la Thaïlande, l'enlèvement d'une petite fille, l'évocation d'un passé venant expliquer la létalité de notre homme et, l'arrivée d'un némésis aussi brutal que badass, les contours se dessinent malgré un découpage au couteau qui nous oblige à être attentif, les yeux plissés.
Une histoire classique, une ambiance électrique
A partir de là, on sait donc qu'on va se retrouver devant quelque chose d'assez convenu, une histoire de rédemption, de deuxième chance qui arrive trop tard comme on en a déjà vu beaucoup mais les acteurs, les personnages (surtout ce "boucher" joué par Lee Jung-Jae) et les quelques moments de violence froids et directs de nos protagonistes prêts à tout pour en découdre donnent au film la percussion nécessaire pour emmener le récit.
Action et douceur, le mélange ne prend pas
L'action va crescendo et nous propose donc des affrontements furieux où les personnages vont s'écharper dans des espaces exigus (couloirs, cage d'escaliers, entrepôt) propices à resserrer le mouvement et faire monter la tension. J'ai regretté l'abus d'effets de style dans les moments d'actions et j'aurais aimé quelque chose de plus sobre, une violence peut-être plus intimiste pour relayer la quête de cet homme à travers la porte de sortie que lui offre cette petite fille. C'est d'ailleurs dans les rares moments d'une relation naissante entre ce tueur et cette enfant brisée que le film est le plus réussi. Avec un sujet de fond bouleversant, le côté tape-à-l'œil de la réalisation m'a quelque peu laissé sur la touche. C'est maîtrisé mais pas forcément à sa place.
En fait, même si Deliver us from Evil s'apprécie et se laisse regarder, son plus grand défaut à mes yeux est de ne pas s'être positionné sur l'un ou l'autre des genres. J'ai trouvé son action trop clinquante pour ses enjeux et sa noirceur. Une ironie quand justement, mes films coréens préférés sont ceux qui n'hésitent pas à jouer sur plusieurs tableaux et à marier ces genres qu'on ne pensait pas pouvoir faire cohabiter.