J'avoue que j'ai toujours été un ardent défenseur de ce 18ème James Bond. N'en déplaise à la tendance qui consiste à dénigrer les films de l'ère Brosnan. Ou à ceux qui pensent que "Goldeneye" est la seule aventure de 007 valable de cette période.

C'est peut-être parce qu'il s'agit du premier James Bond que j'ai vu en salles, en 1997. Et qui m'avait fait forte impression ! Au point, encore aujourd'hui, de le trouver un chouïa meilleur que "Goldeneye" (si si !). Au-delà de l'aspect madeleine de Proust, c'est un divertissement qui se tient remarquablement bien au vu de sa production des plus chaotiques.

Scénario réécrit à plusieurs reprises par de multiples mains, y compris en catastrophe peu avant le tournage. Des tensions entre Pierce Brosnan et Teri Hatcher. Une blessure au visage pour Brosnan. Diverses tempêtes causant retards et problèmes. Une autorisation de débarquer au Vietnam annulée au dernier moment pour l'équipe. Et pour couronner le tout, une sortie concomitante avec le ras-de-marée "Titanic" !

Peut-être un effet de malédiction, après la mort d'Albert Broccoli en 1996 ? Mais non, "Tomorrow Never Dies" tiendra bon, et sera un succès au box office, perpétuant la saga. Succès au moins du à ses qualité intrinsèques.

Côté acteurs, Pierce Brosnan, né pour ce rôle, a toujours une belle démarche et une classe insolente. Face à lui, la vedette hong-kongaise Michelle Yeoh, qui donne de sa personne dans quelques scènes de baston sympatoches. Les habitués de l'époque M/Q/Monneypenny (Judi Dench, Desmond Llewelyn, Samantha Bond) faisant de bons agréments.

Chez les méchants, Jonathan Pryce (qui a remplacé au pied levé Anthony Hopkins !) semble s'amuser en mania des médias mégalo, adepte du spectacle. Ayant visiblement livré quelques improvisations. Et si Götz Otto est anecdotique, et Ricky Jay très secondaire, celui qui marque le plus est Vincent Schiavelli. Le temps d'une seule scène, l'acteur incarne un méchant excentrique bien inquiétant.

"Tomorrow Never Dies", c'est aussi une intrigue relativement solide, et surtout très moderne. Cette histoire de médias manipulant le monde, de rapport à l'image, de fake news, de géant de l'information, sur fond de tensions en Asie du sud-est, n'a pris aucune ride. Pire, elle parait encore plus pertinente aujourd'hui, rendant le film presque prémonitoire...

Intrigue dopée par d'excellentes scènes d'action. Dont l'intro explosive, la poursuite en BMW (il se murmure que Brosnan était frustré de ne pas avoir eu de voiture gadgétisée sur "Goldeneye"...), et autres cascades & fusillades. Je soulignerai leur montage particulièrement propre et fluide (c'est beaucoup demandé de nos jours !). Roger Spottiswoode a beau avoir pondu des navets dans sa carrière, c'est à l'origine un monteur, et ça se voit.

Et il faut évidemment évoquer la musique. Exit Eric Serra, dont les sonorités (et le tempérament) n'avaient pas convaincu tout le monde sur "Goldeneye". David Arnold, fan de John Barry, est engagé. Il livre une jolie composition, mêlant notes bondiennes à l'ancienne et musique électronique. Et deviendra le compositeur attitré de la franchise pour au moins 10 ans.

Par contre carton rouge sur la chanson ! Pour des raisons commerciales, la belle chanson très bondienne "Surrender" de K.D. Lang se retrouve renvoyée en générique de fin, la BO du film restant cohérente avec celle-ci. Les producteurs commandent une chanson plus pop (et anecdotique), menée par Sheryl Crow. A noter aussi que le remix du thème de 007 par Moby, également commandé, ne sera pas du tout utilisé à l'écran !

A l'arrivée, "Tomorrow Never Dies" est un Bond certes typique de cette période, orientée action décomplexée. Mais il demeure pour moi un très bon divertissement, avec du fond, en prime complètement pertinent.

Créée

le 9 juil. 2020

Modifiée

le 10 févr. 2024

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Redzing

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