Demain ne meurt jamais poursuit la pétaradante mise à jour du célèbre agent 007 sous les traits de Pierce Brosnan. Pour un film d’action sans temps mort qui oublie parfois malheureusement qu’il est aussi un James Bond.
Demain ne meurt jamais arrive après le tonitruant succès de GoldenEye, la MGM mettant la pression à la société de production désormais tenue par Barbara Broccoli et Michael G. Wilson après le décès de l’incontournable Albert Broccoli pour mettre rapidement en chantier un nouvel opus. Les attentes du public sont énormes, et celles du studio aussi. Martin Campbell refuse la mise en scène consécutive d’un deuxième opus, cédant sa place à Roger Spottiswoode, réalisateur à la patte plutôt impersonnelle sur un scénario écrit dans l’urgence. Pour un divertissement sans temps mort mais dénué de ce qui fait le sel des films de la célèbre franchise.
Demain ne meurt jamais se déleste ainsi de la Guerre Froide pour se concentrer sur un sujet beaucoup plus moderne en suivant un antagoniste magnat de la presse qui voudrait provoquer ni plus ni moins qu’une Troisième Guerre Mondiale entre la Chine et le Royaume-Uni pour des intérêts de diffusion exclusifs négociés avec un général chinois. En castant deux personnages féminins diamétralement opposés, que sont la femme brisée Teri Hatcher et l’espionne venue du film d’action asiatique Michelle Yeoh, ce dix-huitième opus annonce sa drôle de direction en se séparant rapidement de l’un des traits emblématiques du célèbre espion provoqué par la disparition rapide du premier personnage féminin pour épouser pleinement celui de l’espionne dans un déluge d’action sans temps mort où l’agent Bond n’est hélas plus qu’un actionner générique.
Demain ne meurt jamais remplit cependant pleinement son contrat d’un divertissement total grâce à plusieurs moments d’action vraiment réussis à l’image d’une fameuse poursuite dans un sous-terrain où Bond n’a plus besoin d’être au volant pour nous prouver son indiscutable dextérité avec n’importe quel gadget. Une scène révélatrice de ce que sera le reste du film, qui compile sans aucune tension et à un rythme effréné un Bond réduit à un bras armé costaud qui se contentera d’exécuter cascades, fusillades et explosions sans le flegme et l’élégance qui font pourtant partie intégrante du personnage crée par Ian Fleming. Ce dix-septième opus est ainsi l’un des plus courts de la franchise (1h59), indice révélateur d’un opus réalisé dans la panade et sans panache.
Roger Spottiswoode prend ainsi plus de plaisir à mettre en scène une relation en mode buddy-movie (comme il l’avait précédemment fait dans les très oubliables Turner et Hooch et Arrête où ma mère va tirer) entre Bond et Wai Lin plutôt que d’un véritable couple de cinéma, unis par des intérêts communs mais dénué de tension amoureuse, à l’image de son antagoniste allemand qui ne sera rien d’autre qu’un bras musclé sans aucun charisme qui ne créera jamais aucune tension lors de ses multiples apparitions. La présence de ce dernier est d’autant plus frustrante qu’on nous le présente comme un expert en tortures avant que Bond et Wai Lin ne fassent bêtement exploser leur repère, reprenant leur course effrénée en omettant cependant de susciter la moindre tension.
Demain ne meurt jamais n’est ainsi qu’un sympathique divertissement, certes empli de fulgurances mais qui par son rythme endiablé oublie de donner un peu de chair à ses personnages qui semblent ici n’obéir qu’à un cahier des charges uniquement tourné vers le divertissement et une action sans failles. C’est d’autant plus dommage que GoldenEye avait réussi à merveille à manier l’héritage du célèbre espion tout en n’omettant pas un déluge d’action beaucoup plus jouissif et incarné. Si Demain ne meurt sûrement jamais, l’on pourra cependant aisément l’oublier.
Focus sur Pierce Brosnan dans la peau de James Bond à retrouver ici.
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