Après GoldenEye, malgré ses défauts, et avec ses quelques qualités, on se disait qu'il faudrait un peu de temps pour que la nouvelle version et le nouvel acteur (Pierce Brosnan) s'affirment. Après le visionnage de Demain ne meurt jamais, on réalise que c'est loin d'être le cas. C'est mauvais ; et même très mauvais. Au-delà de ce qu'on aurait pu imaginer. C'est même en-dessous de Moonraker (et ce n'est pas peu dire).
Passé un prégénérique bateau, et un générique joli avec une chanson sympa-sans-plus bien calibrée, on regarde des images qui nous rappellent un temps celles du début de L'Espion qui m'aimait (arraisonnement du sous-marin anglais). Et, comme dans ce film emblématique, on retrouve Bond au pieu avec le même genre de blonde que celle de '77. L'Aston Martin DB5 passe la porte d'entrée du MI6 (ça, c'est fait) et, plus tard, on retrouve un Q de plus en plus décati qui vient faire son numéro de cirque.
Parallèlement, on découvre le "méchant" (mouhahAHAHA !!! quelle blague!) campé par un Jonathan Pryce dont on se demande ce qu'il fout là à tapoter n'importe comment sur son clavier pour être à la mode et draguer le geek planqué H24 derrière son écran. J'ai adoré Jonathan Pryce dans Brazil et ailleurs, mais là, c'est non ! Ce méchant, jamais crédible, est donc cette fois un genre d'illuminé qui veut créer un conflit mondial pour être le premier à annoncer le scoop dans ses journaux-à-lui-qu'il-a. Bouh ! le vilain.
Pierce Brosnan, plus branleur que jamais, se pavane et joue à James Bond comme s'il était Roger Moore, mais en se prenant au sérieux, notamment dans les séquences sentimentales avec Teri Hatcher qui ne sert pas à grand chose.
D'ailleurs, on se demande ce qui sert dans ce film. C'est froid, sans âme, bourrin. Ils font de la pellicule comme autrefois les feuilletonistes pissaient de la copie. Il n'y a jamais le moindre suspense et le "James Bond Theme" est utilisé à toutes les sauces, n'importe comment. Il sert juste à montrer qu'il ne s'agit pas du film d'action hollywoodien du voisin, mais du nouveau "James Bond" officiel. La musique de David Arnold est d'ailleurs très pauvre en dehors du joli thème "Paris & Bond". On se réveille enfin lorsque Michelle Yeoh apparaît, mais au bout du compte, son personnage est aussi insipide que les autres. On lui accorde une scène d'art martial parce que c'est pour ça qu'elle a été engagée, mais elle n'est pas utilisée à hauteur de son talent. Loin de là. Et c'est honteux (la poursuite en moto est lamentable. Ils ont voulu faire un genre de ballet érotico-humoristique durant la poursuite, mais ça tombe à plat). Et on passera sur la ridicule séquence de la bagnole téléguidée.
Ce machin se veut donc être une critique/dénonciation des dérives de la presse qui pourrait manipuler l'opinion publique et – pire – les gouvernements pour leur faire faire ce qui les arrange. C'est censé alerter sur les possibilités du pouvoir médiatique incontrôlé grâce aux développements exponentiels de l'informatique. Mais c'est affreusement maladroit, puéril et vulgaire. Demain ne meurt jamais est un film de beauf dont on se demande si l'intrigue va commencer après 53mn, tellement c'est écrit avec les pieds. C'est une caricature permanente qui fait de Pierce Brosnan un 007 de pub, telles qu'on les voyait dans les années 1980 pour la Peugeot 205.
Ah, oui ! Et puis, y en a ras le bol des gars qui rigolent quand on leur plante un couteau dans le bras, ou des gens qui peuvent tenir plus de 5mn sous l'eau sans respirer et émerger en pleine forme.