Demain on déménage par Moizi

Je ne sais pas pourquoi j'ai regardé ça, je ne sais même pas pourquoi j'avais ce film chez moi... Reste que j'ai lancé ça en priant le ciel de ne pas m'emmerder à mourir et en fait je me suis amusé comme un petit fou devant cette comédie douce amère, dont les situations et les dialogues semblent venir tout droit d'une pièce de théâtre (avec la diction qui va avec).

Autrement dit, c'est assez particulier à regarder. Mais mine de rien, j'ai pas grand chose à reprocher au film, j'ai trouvé toutes les situations rafraîchissantes, drôles, même dans les moments les plus tristes. Si je ne me suis pas identifié aux personnages, c'est le genre de film où on a envie de savoir ce que font tous ces personnages, ce qu'ils vivent, ce qu'ils pensent, peut-être parce qu'ils sont simples, ou qu'ils en font des caisses, je ne sais pas. Reste que tous ces gens qui visitent l'appartement et qui pourraient n'être que des seconds rôles inintéressants deviennent assez vite assez important pour qu'on s'attache à eux et que lorsqu'il y a une dispute dans le couple, on aime les deux, on ne va pas soutenir l'un plus que l'autre.

J'aime beaucoup le ton du film, ça aurait pu être un énième film sur une dépressive frustrée sexuellement qui n'arrive pas à écrire son bouquin érotique. Mais étant donné que ça aborde ça avec une facette de comédie absurde, où cette femme va se mettre à noter tout ce qu'elle entend dans l'espoir que ça va devenir érotique... et bien il se passe quelque chose, parce qu'Akerman va au bout de son idée et la tient, même si ça ne sert à rien à l'intrigue.

Pour une fois je supporte aussi Zielberstein, qui dit une phrase très belle, où elle demande à Testud alors qu'elles viennent de louer un appartement ensemble de ne plus se revoir, jamais... car elle connaît déjà trop de monde. C'est simple, court, mais je n'avais jamais vu ça, c'est presque aussi triste que de ne connaître personne.

Et puis il y a Marielle, il y a la musique et cette fin que je trouve très belle... je trouve ça beau de parler, peut-être pas de l'homosexualité, mais des familles homoparentales, juste comme ça... l'air de rien... c'est comme ça, ça arrive... pareil, on y aborde la Shoah, sans en faire des caisses, sans tire larme... Marielle dit que les enfants de la troisième génération souffrent de ce qu'on pu souffrir leur grands-parents, ce à quoi Testud répond qu'elle ne souffre pas... on lit un carnet appartenant à la grand-mère, mais on n'en rajoute pas... ça fait partie d'eux, de l'histoire de leur famille, mais voilà, ça ne vient pas gangréner un film. On en parle parce que c'est là, ça ne vient pas déteindre sur le reste.

Et c'est fou comme ça passe mieux que de venir donner des leçons de morale.

En somme je trouve le film vraiment bien écrit, avec une belle brochette d'acteur qui savent en faire trop sans pour autant être totalement ridicules... et ça m'a fait passer un moment follement agréable.

Je ne sais pas si c'est un bon film, c'est vraiment particulier sans être expérimental, ça ne se rapproche même pas des quelques autres films que j'ai pu voir d'Akerman, j'ai un peu l'impression d'avoir vu un film un peu hors du lot, rappelant parfois, peut-être, un peu, les derniers films de Resnais... en plus féminin.