Une bien belle histoire fort bien écrite, réalisée et interprétée

Au vu du succès populaire rencontré (plus de 3 millions d’entrées, tout de même !), j’avoue être étonné de voir aussi peu de critiques sur SensCritique avec même pas 130 avis au moment où j’écris ces lignes. Bien que je ne me souvienne pas d’avoir vu un sujet tel que ce celui-là sur nos écrans, le sujet abordé n’est pas nouveau pour autant.

En effet, Demain tout commence n’est ni plus ni moins que le remake de Ni repris ni échangé, comédie mexicaine d’Eugenio Derbez tourné en 2013. N’attendez pas de moi que je fasse un comparatif entre les deux films, et ce pour plusieurs raisons : d’abord parce que ce remake n’est rien d’autre qu’une adaptation libre (information glanée par ailleurs), ensuite parce que je n’ai pas la chance (ou la malchance) de connaître le film originel, tout comme la plupart des spectateurs en France. Demain tout commence n’en est pas moins une formidable pub pour ce film produit par ce pays d’Amérique centrale.


Omar Sy est en tête d’affiche, et c’est en toute logique qu’il occupe rapidement le devant de la scène en gars qui ne pense qu’à faire la fête et à aligner les conquêtes en mettant à profit son travail qu’il effectue… principalement dans son seul intérêt et le plaisir qu’il en tire. Jusqu’au jour où tout bascule. Ben oui, vient forcément le moment où mener une telle vie provoque des conséquences qui finissent toujours par vous rattraper un jour où l’autre. Bien que le premier coup de théâtre soit pris avec légèreté (l’arrivée du bébé), Omar Sy parvient à nous faire sourire de sa réaction lorsqu’il est mis devant ses responsabilités, jusqu’au départ du taxi. C’est aussi le début des difficultés pour le personnage principal, sur lesquelles va intervenir une ellipse pour le retrouver quelques années plus tard, toujours flanqué de cette gamine inattendue.

Omar Sy est à l’aise dans ce rôle qui lui va bien, et qui rappelle un peu celui qu’il avait tenu dans Intouchables. Dès lors qu’il s’agit d’aborder des thèmes comme les situations auxquelles nous ne sommes pas préparés, la complicité, et les vrais sentiments, il n’y a pas dire, Omar Sy s’en sort plus que bien. Il le conclut même de fort belle manière sur le rictus mêlé de douleur et de bonheur en toute fin de film sur sa propre narration en voix off. Il faut dire que la jeune Gloria Colston (dans le rôle de… Gloria) lui donne parfaitement la réplique, en faisant preuve d’un naturel à toute épreuve.

Restent Antoine Bertrand qui rend son personnage Bernie attachant, et Clémence Poésy à qui on adresserait volontiers une flopée de noms d’oiseaux, notamment lorsqu’elle tente un dernier coup pour obtenir la garde de l’enfant, ce qui constitue le dernier coup de théâtre, et pas n'importe lequel ! C'est celui qui choque le plus.


La réalisation d’Hugo Gélin est fraîche et légère, mais pas superficielle pour autant. Au contraire, le propos est profond, et aborde plusieurs thèmes comme l’abandon de l’enfant par sa mère. Bien que le père a tout mis en œuvre pour combler ce manque (un manque bien représenté par l’effet que procure de se faire tenir la main par une mère), en persévérant à croire à un très hypothétique retour de la génitrice, on s'aperçoit que rien ne peut remplacer une mère. En abordant ce thème, la question est posée quant à savoir jusqu’où on peut aller pour combler ce manque. Peut-on transformer les choses ? Doit-on dire la vérité toute nue ? A cela se rajoutent les vraies responsabilités parentales. Peut-on revenir chercher un enfant comme ça après des années d’absence, sans rien savoir de lui, en s’étant affranchi de son éducation ? C’est tellement facile de se débarrasser de sa progéniture pour ensuite la récupérer toute faite bien des années plus tard… C’est justement pour ça qu’on a envie de traiter Kristin de tout.

Cependant, Demain tout commence ne répond pas à toutes les questions. Car le spectateur ignore ce qui a poussé cette mère à agir. Qu’est-ce qui a été si difficile pour elle ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir soulevé cet aspect, puisqu’il est évoqué à plusieurs reprises par le personnage intéressé. A côté de ça, une question me taraude : comment parviennent-ils à se retrouver ? Un simple mail de Kristin dit : "J’arrive demain". Ok, ce courriel est déjà miraculeux en soi. Miraculeux parce qu’inespéré. Mais où ? A quelle heure ? Rien n’est stipulé. Aucun lieu de rendez-vous n’a été défini, et pourtant, tout le monde se retrouve au bon endroit à la bonne heure le bon jour. C’est ça qui m’empêche de donner la note maximale. Pourtant ce film le mériterait tant le sujet est d’une belle profondeur. Et surtout, Hugo Gélin nous fait passer du rire aux larmes avec une facilité déconcertante. Sa réalisation est dynamique, sans artifice ni effet de style qui feraient tâche. Mieux, il réussit à nous faire pénétrer dans l’intimité de la relation père/fille, le tout en couleurs pour représenter une vie toute aussi haute en couleurs. Cerise sur le gâteau, la jolie partition de Rob Simonsen parachève le boulot en venant souligner avec beaucoup de sensibilité les moments émouvants.

Demain tout commence est une comédie dramatique qui clôture une année 2016 en beauté pour le cinéma français. A voir et à revoir, notamment pour les personnes qui seraient confrontées à l’absence d’un des parents : ils pourraient trouver en ce film, pourquoi pas, une sorte de petit topo quant à ce qu’il faut faire et ne pas faire, quoique chaque situation est unique.

Stephenballade
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le 25 oct. 2024

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Stephenballade

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