C'est drôle comme l'on retrouve les bases de certains genres d'aujourd'hui dans de vieux films un peu avant-gardistes et obscurs. Avec Dementia on a le droit a un cocktail de codes, de plans, de mise en scène musicale qui ont sans doute servis d'inspiration dans le cinéma d'horreur / fantastique d'aujourd'hui.
Dementia n'est pas un film exceptionnel ou l'on s'accroche à l'histoire jusqu'a la fin. Par contre, il met en place une ambiance pesante basée sur la folie de cette femme dont on ne sais pas si elle rêve ou si elle vie une psychose dans laquelle elle serait emprisonnée. En cela le film est bien réalisé, un peu à la manière de Lynch, il place le point de vue du spectateur dans la folie sans regard extérieur. Tout comme elle nous sommes perdu dans son cauchemar sans pouvoir en trouver la porte de sortie. En ayant de plus en plus de difficultés à faire la différence entre la réalité et le rêve. Le film alterne et mélange intelligemment les séquences entre réel et fantasmes. Comme une skyzophrénie qui frappe et disparait sans laisser de souvenirs, mais laissant derrière elle cadavres et paranoïa.
Dementia est habilement réalisé sur ce point et me fait penser à Eraserhead (ou Lost Highway) qui, à mon avis, a repris les bonnes idées du film de John Parker. J'ai eu l'occasion de visionner la version uncut sans voix off. Le moins que l'on puisse dire c'est que la musique ajoute une touche particulière de folie. Procédé utilisé aujourd'hui lorsqu'un film cherche à montrer une hallucination, un délire ou une psychose auditive par l'oppression d'un son lancinant. La musique amplifie certains passages (le bar clandestin) et dénote la folie, le cauchemar appuyé par des cadrages tout aussi étranges. Ce décalage créé là aussi un sentiment où tout est surréaliste, malsain et dont on aimerait bien s'échapper. Mais comme dans un cauchemar, c'est sortir d'une situation sordide pour arriver dans une autre.
Curieux, ne vous attendez pas a une histoire prenante. Entrez juste dans le monde de cette femme qui, comme vous, aura sa conscience ballotée entre réalité et hallucination avec l'impossibilité de faire la différence entre les deux. Une œuvre à voir pour tout ceux qui se passionnent pour la mise en scène des rêves et de la folie ainsi que de la perception de la réalité.