« I can't end up like my mother. » CARLY

Je pense que les plus gros coups durs de ma carrière ont été les projets qui n'ont pas abouti, avec Alien en tête. J'aurais pu continuer de travailler au sein de l'industrie aux États-Unis si j'avais été un simple laquais, à la solde des studios et réalisant des films à la chaîne tous les ans. Malheureusement, je suis un artiste qui ne joue pas au jeu d'Hollywood. Je me suis donc retiré pour réfléchir et revenir avec une nouvelle perspective sur le travail à Hollywood.

Voilà les propos du scénariste et réalisateur Neill Blomkamp, en 2015, sur l’annulation de son projet de faire une suite au Aliens de James Cameron. Une annulation qui l’a profondément marqué, surtout que c’est Ridley Scott, lui-même, qui a décidé de sacrifier ce projet pour son Alien : Covenant très moyen. Un projet qui était, de plus, attendu par de nombreux fans au vu des concepts art qui étaient sur la toile.

Neill Blomkamp ne se laisse pas abattre et, avec son frère Mike Blomkamp, ils vont créer OATS Studios en 2017, un studio de cinéma indépendant sud-africain afin de distribuer des courts-métrages expérimentaux via YouTube et Steam. Le but est d'évaluer l'intérêt de la communauté sur les vidéos et de déterminer lesquels d'entre eux sont viables pour être étendus à des longs-métrages. Je vous conseils quelques uns de ces courts-métrages mettant en valeur les capacités de Neill Blomkamp sur les effets spéciaux.

En 2018, Neill Blomkamp rebondit sur le projet de suite au Robocop de Paul Verhoeven, un projet qui lui tient à coeur et qui va parfaitement à sa direction artistique. Cependant, comme pour son Alien, le projet ne sera pas mener à son terme. Encore une annulation pour Neill Blomkamp qui se promet de ne plus travailler sur les propriétés intellectuelles des autres.

Il ne faut pas oublier qu’au début de sa carrière à Hollywood, Neill Blomkamp avait déjà eu l’annulation de son projet d’adapter Halo : Combat Evolved. Au total, ça fait trois grosses annulations pour un cinéaste qui n’a pas tant de bouteille que ça.

C’est donc pendant la pandémie de Covid-19 que Neill Blomkamp va écrire et tourner son nouveau film dans le secret le plus total.

Demonic sort en août 2021 en vidéo à la demande.

On suit Carly, la fille d’une tueuse en série, qui va participer à une expérience hors du commun. En effet, un scientifique a mis au point une technologie expérimentale et veut la tester avec la jeune femme. Celle-ci va ainsi communiquer avec sa mère, aujourd’hui dans le coma. Cette expérience ne va pas se passer comme prévu et va réveiller les démons du passé.

La direction artistique dans le monde virtuel est vraiment particulière, elle regorge de détails mélangeant l’aquarelle et le numérique. Si certains peuvent trouver un charme, je trouve que c’est juste louper et que ça anéanti toute chance de nous provoquer de la peur quand les actions horrifiques arrivent pour les personnages.

Les scènes dans le monde virtuel ne sont pas nombreuses, donc, il faut développer autour. Et là, c’est encore plus catastrophique. Déjà car malgré son concept, le réalisateur fonce tête baissée dans absolument tous les clichés possibles et imaginables, et lorsqu’il veut donner de l’épaisseur à ses personnages, il tombe dans le ridicule (les prêtres du Vatican). Puis le film est long, trop long. Ça parle pour ne rien dire et il en ressort souvent cette impression de téléfilm, avec une photographie pas très jolie, des plans peu inspirés et j’en passe.

Même en terme d’horreur, parce que c’est une production horrifique, le film n’est pas vraiment généreux, s’enfonçant dans toute sa dernière partie dans une succession de clichés aussi prévisibles que redondants. Le démon est visuellement soigné, mais générique au possible, donc finalement rapidement oubliable, tout comme le film de manière générale.

C’est la dégringolade pour Neill Blomkamp, un réalisateur que j’affectionne pour les projets qui n’ont pas abouti plus que pour ses dernières réalisations.

Carly Pope qui incarne Carly, seule tête d’affiche (pandémie oblige), est si mal dirigée qu’elle ne semble jamais très claire dans les émotions qu’elle devrait transmettre, donc elle y va souvent avec aucune. C’est une non-performance, un trou noir qui aspire tout ce qui est potentiellement intéressant autour d’elle.

Demonic, c’est Neill Blomkamp qui fait un film dans son coin, il écrit seul, réalise, produit, contrôle le film. Et ce n’est pas bon du tout. Peu palpitant à regarder, essayant d’éviter les clichés avant de plonger tête la première dedans, sans jamais faire peur, sans être généreux. Passé son concept de monde virtuel, Demonic n’a pas grand-chose pour lui.

StevenBen
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le 7 août 2023

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Steven Benard

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