Un remède inefficace contre la déprime
Après L'Amour c'est mieux à deux, co-réalisé avec Dominique Farrugia, Arnaud Lemort s'attaque au film de potes pour son premier long métrage en solo. Malgré quelques fulgurances et des acteurs sympathiques, Dépression et des potes souffre d'un scénario paresseux, doublé d'une mise en scène plus que mollassonne du cinéaste.
Franck (Fred Testo) a tout pour être heureux. Une petite amie brésilienne superbe, un boulot intéressant et pourtant, la déprime le gagne. Après une visite chez le médecin, le diagnostic tombe : il est en dépression. Franck retrouve alors sa bande d'amis, qu'il n'a pas vu depuis 6 mois, et leur annonce la nouvelle. Chacun d'entre-eux va tenter de l'aider à sortir la tête de l'eau. Mais très vite, ils se rendent compte qu'ils sont tous aussi déprimés.
Dans la lignée du diptyque d'Yves Robert, Un Éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, Dépression et des potes cherche à naviguer entre humour et émotions, tout en glorifiant l'amitié masculine. Hélas, pour ce dernier, la mayonnaise ne prend pas. Bien que les comédiens, à l'exception d'un Ary Abittan exécrable, rendent leur personnage attachant, il manque un «je ne sais quoi» pour croire vraiment à ce lien infaillible qui les unit.
Ce constat est renforcé par l'histoire d'une extrême faiblesse et inintéressante au possible. Servant du réchauffé à la limite de l'indigestion, le film ne réserve aucunes surprises. On sait déjà par avance que les problèmes de coeur ou de boulot se résoudront sans trop de souci pour Franck et ses amis. Les dialogues, quant à eux, sont assez affligeants. Le running gag consistant à se moquer des expressions désuètes de William (Jonathan Lambert) étonne par son degré de nullité, et finit par nous énerver au plus haut point. La réalisation est à la hauteur du scénario, inexistante. Arnaud Lemort empile les maladresses et ne parvient pas à tirer son long-métrage vers le haut.
Bien entendu, tout n'est pas à jeter. Certaines situations méritent le coup d'oeil comme la scène de poursuite dans le bois de boulogne, sans doute la mieux réussie, ou la séquence finale, assez émouvante. Fred Testot confirme également tout le bien qu'on pense de lui et interprète avec un certain naturel ce trentenaire en proie à la dépression.
Film de bande raté, Dépression et des potes rencontre les pires difficultés à se hisser au niveau de ses glorieux aînés. La forte amitié entre les différents protagonistes ne transpire pas à l'écran, énorme faute pour un film qui fait de la camaraderie son thème majeur.