Et c'est une tendance de plus en plus marquante des ces dernières années au cinéma ,surtout lorsque l'on évoque le polar : le héros fatigué, désabusé faisant écho au sentiment le plus répandu dans nos médias sur nos réseaux et dans nos petits cœurs : le désenchantement.

Ces héros, qui n'en sont plus, sont dépassés par un monde où tout va trop vite, qu'ils ne comprennent plus. Nous les avons rencontrés récemment dans "Misanthrope", "La nuit du 12" , Burning days, Les chambres rouges. L'époque n'est déjà plus celle des super-héros rigolards gambadant gaiement en collants devant des fond verts fond verts, elle est devenue celle des êtres tourmentés, des films sombres, gris, presque un retour aux films noirs des années 40 : bienvenue dans l'ère du GCU (Grey Cinematic Univers).

C'est dans cette mouvance que s'inscrit "L'ultima notte di Amore" récit d'une errance désespérée dans les rues sombres de Milan, course (un peu vaine ?) d'un flic au crépuscule de sa carrière et dont la dernière nuit de service pourrait faire basculer irrémédiablement sa vie dans les abîmes du néant. Amore est un flic, modèle ou presque, en trente et quelques années de carrière, il n'a jamais tiré un coup de feu, apprécié de ses supérieurs et de ses collègues. IL a épousé en seconde noce une femme plus jeune , sa fille est élevé et épanouie...

Cependant, une ombre insidieuse tapie dans les recoins de cette félicité pourrait éteindre ce fragile rayon de soleil. En effet, Franco, pour compléter son petit traitement de fonctionnaire sert de chauffeur et un peu de garde du corps au conseiller d'un milliardaire chinois que l'on devine être l'ancien propriétaire du club du Milan AC ( il fallait oser), et ce n'est peut être pas si anodin qu'il l'avait imaginé...

Sans en dévoiler plus ni trop, il est aisé à partir du pitch de deviner que le scénario, bien huilé est également sans surprise, mais le récit nous immerge pleinement au cœur de la nuit de Franco Amore, Andrea Di Stefano distillant habilement une tension qui peu à peu fait évoluer le métrage vers un thriller tendu presque suffocant par instants.

Dès la scène d'ouverture, magistral survol de la ville au son saccadé du souffle d'un homme qui court , la mise en scène est élégante se resserrant rapidement et avec à propos sur des personnages fort bien développés. Pierfrancesco Favino qui est décidemment une vraie "gueule de cinéma", incarne avec force ce personnage qui peu à peu perd le contrôle, Linda Caridi, sa femme et Antonio Gerardi le cousin donc, sont très bons également.

Le film c'est vrai connait un petit moment de creux dans sont dernier tiers, les développements patinent et s'enlisent un peu, mais la scène finale vient réveiller l'endormi, et l'aurore succède finalement à la nuit dans un sentiment de bonne surprise pour le spectateur.

Yoshii
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le 14 févr. 2024

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