Le dernier dinosaure

Le premier long-métrage de Gary Felder, qui signera plus tard d'honorables divertissements tels que "Le collectionneur" et "Le maître du jeu", s'avère plutôt décevant, d'autant que "Dernières heures à Denver" bénéficie d'une jolie réputation auprès des initiés - le film restant assez méconnu du grand public.

Ce succès d'estime est probablement dû à l'atmosphère particulière du film, son réalisateur parvenant à instaurer une ambiance crépusculaire très appréciable, la mort étant omniprésente dans cette histoire, à commencer par son titre original : "Things to do in Denver when you're dead", qui annonce clairement la couleur.

On retrouve également cet aspect morbide dans l'activité professionnelle du héros, ancien gangster reconverti dans la commercialisation de messages mortuaires, déclamés sur bande vidéo par des individus en fin de vie, soucieux de laisser une trace à destination de leurs descendants.

Le problème réside dans un scénario d'une part très convenu, auquel en outre on ne croit jamais vraiment, en raison d'invraisemblances récurrentes et de la caractérisation outrancière de certains protagonistes.
Sans trop spoiler, disons qu'à la manière de "L'impasse", le truand repenti va devoir replonger pour un dernier coup (dont on se doute bien qu'il va foirer), reformant pour l'occasion son ancienne équipe, composée de personnages sympathiques mais absolument pas crédibles.

L'occasion de souligner paradoxalement la qualité de la distribution, puisque l'ami Andy Garcia est entouré notamment de Christopher Lloyd (excellent), William Forsythe et Treat Williams, tandis que le camp adverse comprend entre autres Cristopher Walken en parrain mourant et Steve Buscemi en tueur mutique.
Quant au casting féminin, il repose sur Fairuza Balk, remarquable en paumée au grand cœur, aussi agaçante que touchante, et sur Gabrielle Anwar, pour une romance avec Andy Garcia qui ne convainc qu'à moitié, et plombe quelque peu le récit.

On comprend les intentions de Gary Felder, louables et ambitieuses, mais il faut bien reconnaître que la mayonnaise ne prend pas vraiment. On ne passe pas forcément un mauvais moment, mais "Dernières heures à Denver" ne marque pas les esprits : en dépit d'idées souvent originales, à l'instar du narrateur omniscient, le film ne parvient pas à se hisser au-dessus de la mêlée des nombreux films de gangsters, un comble pour une histoire au ton aussi décalé.