J'ai regardé ce "documentaire" avec l'idée qu'on allait apprendre quelque chose sur la façon dont les données sont traitées, pourquoi et par qui. Mais à vrai dire, rien de tout ça. Non à la place, on a le loisir de suivre deux fictions : 1/ la vie complètement fantasmée d'une pseudo-famille américaine caricaturale au possible ; et 2/ le monde imaginaire d'une IA qui discute avec elle même et manipule un pauvre ado en manque de repères. Il y a aussi 3/ des interviews façon naturel très mal joués de personnes importantes et haut placées dans le milieu des réseaux sociaux, qui ont tout intérêt à défendre leurs positions. Hmmm, je me demande ce qui va se passer, sûrement ces gens sont des lanceurs d'alertes et vont agir pour le bien commun. Réponse :
non
Ce documentaire est alarmiste, mais il n'alarme pas sur l'essentiel. J'y ai crû, les occasions ne manquaient pas pourtant. Quel est le problème majeur à la source d'une surveillance de masse dans le but de faire du frique ? Le mot est laché : le capitalisme de surveillance. Attention, pas le capitalisme tout court, pas celui qui fait bosser des malgaches pour 5 centimes de la journée en échange de cliques et de classifications d'images et d'humeurs pour améliorer les IA de Facebook, Twitter, Snapshat et autres réseaux sociaux. Pas non plus celui qui favorise insidieusement les idées fascistes parce que le taux d'engagement, bon ou mauvais, est meilleur et que ça rapport davantage. Non, on parle ici de capitalisme de surveillance. Le reste c'est bon, tout va bien. Il faut simplement lutter contre "L'ExtrÊmE CenTRe", vous savez, ce mouvement politique "fictif" qui utilise le poing levé comme symbole, qui appelle à déserter les urnes et qui déstabilise nos belles démocraties ("toutes ressemblance avec un mouvement d'extrême gauche anticapitaliste comme BLM par exemple est fortuite évidemment – surtout en cette période" ← ceci est ironique).
Ce documentaire est une propagande pro-capitaliste, qui fait croire que le problème vient des utilisateurs, des utilisatrices, de la Russie ou de pas-de-chance. En laissant parler les personnes à l'origine des réseaux sociaux, ce documentaire leur donne une heure et demie pour se dédouaner sous couvert de "On n'avait vraiment aucune idée de ce qui allait se passer" ou alors "Vraiment ça nous a échappé des mains". Bah en fait, si. On savait. On le sait depuis le début que le capitalisme préfère toujours le fascisme au communisme. On le sait depuis le début qu'à choisir entre une personne vivante qui ne rapporte pas d'argent et une personne morte qui rapporte, le capitalisme choisisera toujours la deuxième option. Ce mythe du réseau social devenu "hors de contrôle", avec une intelligence artificielle vraimement intelligente qui nous manipule, ne sert que les personnes à la tête de ces réseaux sociaux. Ceux là mêmes que ce documentaire interview, qui se font un paquet de frique sur votre dos et qui ont tout intérêt à ce qu'on ne remette pas en question les fondements de nos sociétés exploitant les individus, leur vie et leur intégrité au profit du capital.
Quand je souhaite montrer en quoi l'esclavagisme est une mauvaise chose, je donne la parole aux concerné-es, pas aux esclavagistes.